Two lovers
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 25/11/2008 (Tags : two film lovers gray james leonard phoenix
Un Joaquin Phoenix des grands jours, sous l'oeil méticuleux de James Gray. Une histoire d'amour, certes, mais bien plus profonde que l'on pourrait le croire.
Le moral en berne, la vie de Leonard (Joaquin Phoenix) semble ne plus tenir qu'à un fil. Il fait alors la rencontre de Sandra (Vinessa Shaw), jolie brune calme et intelligente, mais faisant l'objet d'une rencontre arrangée par les parents. Alors que leurs rapports évoluent très lentement, Leonard fait la connaissance de sa nouvelle voisine, Michelle (Gwyneth Paltrow), jolie blonde taille mannequin. Il porte son dévolu sur celle-ci, pensant pouvoir réparer ses blessures à son contact...
Beach, oh ma beach...Comment transcender le mythe de la comédie romantique et la transformer en véritable œuvre d'art ? Demandez à James Gray ! Le réalisateur originaire du Queens a beau ne pas mettre en boîte beaucoup de long-métrages (ses deux derniers, The Yards et La nuit nous appartient, sont espacés d'environ sept ans), il a tendance à réunir tout le monde sous son influence, aussi bien du côté critique que du côté public. D'une histoire d'amour, il en tire l'essence même, la projette sur grand écran tel un tableau, construit un drame à milles lieux des mièvreries que le genre impose d'habitude. Dans Two Lovers, l'amour fonctionne à sens unique, chacun aime un être qui en aime un autre. Un constat sentimentalement dramatique, renforcé par la personnalité déchirante de Leonard, sorte d'accidenté de la vie, amoureux blessé, et homme brisé. Dès les premières minutes, poignantes, le malaise s'installe : Leonard est bipolaire, est sujet à des humeurs excessives et contradictoires, une pathologie entrant en résonance avec sa propre sentimentalité. Il rencontre deux femmes : Sandra, issue d'une famille juive convenable sous tous rapports, approuvée par les parents ; et Michelle, blonde calibrée canon un peu plus délurée que son homologue brune. La première est aimante et dévouée, la seconde s'entiche d'un quadragénaire père de famille, et chacune est susceptible de combler un manque de sa vie, de lui apporter quelque chose.
Par une série de tableaux cinématographiques, James Gray hisse le genre à des hauteurs vertigineuses. Son cinéma, au premier abord assez classique, possède un degré de lecture bien plus évident qu'il n'y parait, où les acteurs sont les personnages d'une fresque répondant à des logiques visuels et métaphoriques. Le résultat est avant tout contemplatif, et le serait peut-être tout entier si Joaquin Phoenix n'était pas de la partie. Sa composition est déchirante, son personnage si fragile, son équilibre si instable. Il est incontestablement le grand attrait du film.
Une œuvre très réussie, à la fois sur le visuel et sur l'intellect, souffrant parfois de quelques longueurs. Mais la majesté de l'ensemble et la performance de Joaquin Phoenix parvient à captiver tout du long, sans effort.