5/10The Dinner : des cons made in USA

/ Critique - écrit par Nicolas, le 08/03/2011
Notre verdict : 5/10 - Film de cons (Fiche technique)

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Le remake sans originalité du Dîner de cons de Veber souffre de la comparaison. Mais Steve Carell sauve le film du naufrage.

Vous êtes passés à côté ? Normal, le film est sorti de manière très confidentielle en fin d’année dernière, avec un nombre très restreint de copies éparpillées sur la France (neuf salles). Le nombre d’entrées françaises n’a même pas dépassé le millier. Pourquoi tant de haine, alors que le film est rentré (péniblement) dans ses frais aux Etats-Unis ? Pensez-vous peut-être qu’on ne s’attaque pas impunément au chef-d’œuvre de la comédie française Le Dîner de cons ?

Tim est à deux doigts d’avoir sa promotion rêvée, mais doit encore passer une ultime épreuve : il doit participer à un dîner avec les grands dirigeants de la boîte en amenant un invité idiot. Récalcitrant, il se heurte aux reproches de sa fiancée et décide de laisser tomber. Jusqu’au jour où il tombe sur Barry, un authentique crétin capable de se jeter sous les roues d’une voiture pour sauver un cadavre de souris. Rien n’arrive par hasard, selon Tim, et le revoici dans la course du dîner…

The Dinner : des cons made in USA
DR.C’est inévitable : nous devons comparer. Dans la version française, le personnage de Thierry Lhermitte était un véritable salaud, et les catastrophes provoquées par l’intrusion d’un « champion du monde de la connerie » dans sa vie pouvaient être qualifiées de « bien méritées ». Dans la version américaine, on oublie ce côté méchant pour faire place à de la guimauve pure et dure : Tim (Paul Rudd) ne veut pas participer à ce dîner, mais il le fait pour obtenir sa promotion et la main de sa fiancée par la même occasion. Tout le contexte est modifié, il ne s’agit plus d’un rapport salaud / con, mais d’un buddy movie où Tim va devoir composer avec la présence de son champion, Barry (Steve Carell), pour retrouver la trace de sa future femme. Le « con » va donc provoquer catastrophe sur catastrophe, en essuyant à chaque fois l’air excédé de Tim qui finira pourtant par l’apprécier – schéma classique de la comédie américaine type Date limite où les cons ont finalement beaucoup à partager. Quant au grand final, soyons honnêtes, l’idée de faire partager le dîner de cons aux spectateurs n’était pas si mauvaise, dommage qu’il soit le théâtre d’un mea culpa tout à fait indigeste.
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Maintenant, il faut reconnaître qu’en termes de connerie, Steve Carell est un choix des plus judicieux, et représente une excellente alternative (américanisée, évidemment) à Jacques Villeret. Son passe-temps est également un peu plus développé que les structures en allumettes de François Pignon, puisqu’il reconstitue constamment des petites scènes avec des souris mortes – l’occasion de rire une ou deux fois à ses dépens. Mais ce sont surtout l’ensemble de ses mimiques qui nous gagnent à sa cause. Mauvais point par contre pour Zack Galifianakis, qui dénature un peu le personnage interprété par Daniel Prévost dans la version originale et le transforme en médium bas de plafond affublé d’une sacré tronche de cake. Le reste du casting fait dans le sérieux minimum, on appréciera toutefois les déviances artistiques de Jemaine Clement et ses photographies… intéressantes.

Dommage d’avoir transformé l’acidité et le cynisme du Dîner de cons en cette comédie très typée américaine, que l’on a impression d’avoir vue vingt fois. Reste Steve Carell, acteur comique du premier plan, qui transcende le statut de con déjà bien glorifié par Jacques Villeret.

The Dinner : des cons made in USA
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