The Company Men
Cinéma / Critique - écrit par Guillaume, le 18/02/2011 (Tags : film company men john wells affleck critique
La crise, prétexte idéal pour licencier par poignées tout en augmentant les bénéfices. Mais quand on est du mauvais côté de la ligne, on pleure en essayant de se remettre tant bien que mal sur pied. Après avoir connu le succès et la reconnaissance financière, il est difficile d'oser repartir de zéro.
La lettre de démission fait un carton chez GTX.Pour faire face à la récession et permettre aux actionnaires de continuer à toucher, malgré tout, de juteux dividendes, GTX, une grande société licencie à tour de bras ses meilleurs éléments. Eux qui pensaient avoir réussi, pouvoir profiter de l'american way of life, en sont pour leurs frais. Il leur faut parvenir à se détacher des signes extérieurs de richesse, se ressourcer, vaincre la morosité, et reprendre pied. Chose peu aisée quand personne ne veut vous donner un nouveau job, ou bien en dessous de vos anciennes prétentions salariales.
C'est là tout l'enjeu de The Company Men : montrer que même si les grandes sociétés sont profondément injustes, l'essentiel n'est pas de lutter envers et contre tout, mais plutôt de savoir rebondir, profiter et simplement profiter des plaisirs simples. Le tout est mâtiné d'une morale légère sur la valeur de la construction manuelle plutôt que sur les services ou le management.
Tommy Lee et Ben, sur un quaiBen Affleck, souvent déconsidéré pour son jeu d'acteur, plante ici un personnage crédible (Bobby Walker), même s'il peine parfois un peu à attirer l'empathie, tandis que Tommy Lee Jones (Gene McClary) et Chris Cooper (Phil Woodward), eux, n'ont aucune difficulté à jouer des personnages ravagés. Leur "gueule" démontrent leurs passages difficiles dans la vie, et leur jeu les rendent profondément humains.
En dehors des "hommes de la compagnie", Kevin Costner (Jack Dolan), incarne un artisan charpentier au grand coeur. Histoire de rappeler que l'argent ne fait pas tout, la solidarité est essentielle. La femme de Bobby Walker (Rosemarie Dewitt), est la meilleure surprise de ce film : on ne cesse de la découvrir après de nombreuses années de rôles de séries télévisées (Mad Men, Sex and the City, New York District, United States of Tara).
DR.The Company Men est un film démonstratif, porteur de certaines valeurs et souhaitant dénoncer certains abus. Finalement, si l'on se retrouve dans des situations impossibles, c'est peut-être aussi parce qu'on cherche à trop réussir. Évitant l'écueil de la morale hollywoodienne, la thèse est vivante et parviendrait presque à persuader les foules. Pourtant, le montage et la réalisation sont plutôt convenus. Tout à fait corrects, voire même bien léchés, mais sans anicroche extravagante.
On parie que dès demain, on aura oublié tout le propos et on partira, à nouveau, à la course au bonus. Le monde n'en sera pas davantage modifié. Quelques uns seront abandonnés au bord de la route. Une partie y resteront, les autres remonteront sur leurs grands chevaux.