Je suis une légende
Cinéma / Critique - écrit par Guillaume, le 19/12/2007 (Tags : smith will film legende suis york legend
Je suis une légende, adaptation musclée du roman culte de Matheson est au cinéma. Pour le meilleur du blockbuster, et le pire de l'adaptation.
Rien de tel qu'une bonne scène captivante pour se lancer tête baissée dans un film. Robert Neville (Will Smith) parcourt une ville de New York totalement vide et dévastée à bord d'une Mustang lancée à fond les ballons, reléguant les rues désertes de Londres de 28 jours plus tard à de la roupie de sansonnet. La nature commence à reprendre ses droits, aussi bien plantes qu'animaux sauvages... On le devine, ça n'a pas dû être une partie de plaisir pour tout le monde par ici... et on le suppose aussi, le film risque d'être musclé, plus orienté action que philosophie des lumières.
Je suis caché !En réalité, Neville s'occupe... Tantôt il chasse le cerf, tantôt il fait du practice. Sa routine est cependant bien ancrée et il met toujours un point d'honneur à rentrer se réfugier dans son logis, transformé en bunker, dès que les rayons du soleil s'enfuient.
Quelques années auparavant, Neville était militaire, chargé de protéger New York d'une épidémie insolite... qui tua la plupart de ses congénères et transforma les autres en créatures de la nuit. Etant pour ainsi dire persuadé d'être le dernier homme sur terre, il s'astreint tout même à des protocoles d'expérimentations destinés à découvrir une façon de guérir le mal.
Difficile d'aller plus loin dans les explications scénaristiques sans dévoiler les rebondissements, certes peu nombreux, du film. Ce qu'il faut en retenir, c'est que Je suis une légende, adaptation du livre éponyme, n'a plus grand chose à voir avec son aîné romanesque. Exit les aspects éthiques, la mythologie du vampire et la fin étouffante. Place à une réécriture plus directe, moins empreinte d'anecdotes et suffisamment dynamisée pour faire apparaître régulièrement une poignée de monstres à l'écran.
Dire que le Neville du roman donnait la mort à des dizaines de vampires pendant la journée en utilisant des pieux, sans qu'aucun ne puisse résister... tandis que son double au cinéma est forcé d'utiliser son fusil d'assaut pour ne pas se faire déchiqueter...
Qu'est-ce qu'on attend ?Cette énorme différence de traitement est d'autant plus importante qu'elle influence l'ensemble du film. Neville se bat contre des créatures faisant furieusement penser à celles que l'on peut trouver dans Le Retour de la momie. Baraquées à outrance, elles hurlent avant d'attaquer, ne parlent pas le moins du monde, et se contentent de vouloir détruire et donner la mort, aidées en cela par une capacité à résister aux dégâts assez incroyable. Honnêtement, on a du mal à croire que ce sont les mêmes humains qui ont été touchés par un virus mutant...
Malgré tout, les effets spéciaux sont propres, sans pour autant nous amener à l'extase. Seules les dites créatures de la nuit nous laisseront un peu circonspects. Les décors de plein air sont excellents, jouant l'hybridation entre la technologie laissée à l'abandon et la nature fougueuse. On sera simplement surpris de voir certains intérieurs ne pas être recouverts de poussières.
Ce serait omettre toute une dimension du film que de dire qu'il n'est orienté que vers l'action. Le malaise est en effet présent tout au long du film, en touches très légères : Neville considère son chien comme un enfant à part entière, il parle tout seul, tente de draguer des mannequins de magasins, etc. On sent qu'il a déjà un plein pied dans la folie, et c'est certainement sa façon bien à lui de réussir à poursuivre son existence. Cet aspect, certainement le plus intéressant du film, empêche de considérer Will Smith comme le super héros qu'il a l'habitude d'être. Mais entre deux scènes d'actions, on a bien du mal à trouver le temps de s'attendrir...
Je suis une légende présente au final un rendu assez disparate. On peut le considérer comme étant un bon blockbuster de Noël -gros budget, effets spéciaux, présence d'une vedette, scénario pas trop idiot. Mais on est surtout déçus. Avec une adaptation un peu plus fidèle à l'originale, le film aurait une toute autre dimension, évoquant de réels cas de conscience, et pas simplement de l'action musclée. Mais peut-être était-ce trop difficile pour un divertissement en période de fêtes ?