Le sourire de Mona Lisa
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 31/01/2004 (
Femmes, années 50 : Tenue au foyer, ménage, popote, souriante, et par dessus tout entièrement vouée à son mari. Concept rebutant, mais rassurez-vous, il s'agira bien ici de rébellion envers un lot de moeurs traditionnelles consistant à transformer l'épouse en bel objet dûment façonnée et conditionnée. Ou comment regarder au-delà du sourire...
1953. Catherine Watson, maître de conférence en histoire de l'art, intègre la célèbre université pour filles de Wellesley, sans trop savoir ce à quoi elle s'expose. Libérale, elle ne peut que s'indigner du conditionnement infligé à toutes ces jeunes demoiselles, qui ne considère plus leur futur que comme une image stéréotypée de femme au foyer souriante et attentionnée à un mari en costume cravate. Avec la ferme intention de bouleverser ces concepts traditionnels de soumission, Catherine entame alors une déviation dans le programme de son cours...
Les hommes véhiculent une image traditionnelle, tandis que les femmes...Et bien les femmes la véhiculent aussi, ou tout du moins, c'est ce qu'on leur enseignait à faire au début des années 50, dans cette fameuse université de Wellesley. A l'instar d'un Robin Williams se paumant à enseigner la poésie avant-gardiste à une classe de fils à papa (Le Cercle des Poètes Disparus), arrive une Julia Roberts un paquet de diapositives sous le bras avec la ferme intention de démontrer à une louchée de têtes bien coiffées et bien remplies que l'art ne se réduit pas à deux ou trois pots de fleurs et portraits, aussi magnifiques soient-ils. Et peut-être, si l'opportunité se présente, de féminiser un peu les conventions en réfutant proprement (ou non) l'image de la femme au foyer typique, un aspirateur à la main, un livre de philo dans l'autre, dîner sur la table pour sept heures pendant que le mari travaille ou se détend. Pas une mince affaire, de bouleverser les idéaux pré-établis d'une école aussi réputée, ce que Mike Newell, réalisateur, cherche probablement à montrer à défaut d'autre chose. Difficile, en effet, de suivre sans se perdre les évolutions parallèles de toutes ces petites histoires qui s'entrecoupent entre elles, qui ne savent pas vraiment où elles vont, comme si l'aboutissement en était le seul intérêt. Le montage, pour ne citer que lui, donne de temps à autres l'impression de terribles concessions dans l'optique de ramener le film sous la barre des deux heures, les scènes se succédant l'une à l'autre sans rythme et parfois sans véritable logique. Même le message du film, illustrée par le fameux sourire de Mona Lisa (« Elle sourit mais est-elle heureuse ? ») ne fera l'objet que d'une courte scène mal amenée, se noyant au milieu du nombre incalculable de longueurs et d'évènements pas forcément parlants. Impossible cependant d'attaquer Julia Roberts, rigoureuse et juste bien que classiquement inspirée, et Kirsten Dunst qui se dépêtre comme elle peut d'un rôle à double niveau à l'évolution assez imprécise.
Une petite comédie dramatique finalement assez sympathique, qui pêche par de nombreuses façons dans sa conception, menaçant de décrédibiliser son propos et sa problématique à de nombreuses reprises. Une histoire intéressante néanmoins, pour peu qu'on en suive la logique narrative...