7.5/10Signes

/ Critique - écrit par Nicolas, le 17/10/2002
Notre verdict : 7.5/10 - La planète des Signes. (Fiche technique)

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Un film de Shyamalan n'est jamais comme les autres. Tout du moins pour l'instant, si on fait un rapide bilan des deux premières productions découvertes par le public. Enfant prodige présumé pour le percutant Sixième sens, confirmé par le subtile Incassable, ce réalisateur Hindou s'est très vite fabriqué un style : un scénario flirtant toujours avec le fantastique, un propos à deux échelles, et un dénouement imprévisible. Signes, troisième grosse production de Shyamalan donc, est une nouvelle fois dans la ligne de mire : On dit jamais «deux sans trois» après tout...
Un terrible accident de voiture emporte la vie de la femme du Pasteur Graham Hess (Mel Gibson), qui se détourne alors de sa foi religieuse. 6 mois après, écoulant paisiblement sa vie avec ses deux enfants et son frère Merrill (Joaquim « Commode » Phoenix) dans leur propriété en Pennsylvanie, Graham découvre un matin de curieuses formes géométriques dessinés dans les champs environnants, des oeuvres gigantesques d'une perfection incroyable. En quelques jours, leur nombre se multiplie dans le monde entier, et les hypothèses les plus folles font le tour de la planète : canular démesuré, ou acte extraterrestre.. ?
Voici donc le sujet du nouveau Shyamalan : les étranges et immenses formes apparaissant depuis les années cinquante, dont le tiers reste encore inexpliqué. Signes apporte sa version des faits, la plus incroyable, la plus fantastique, mais peut-être pas la plus souhaitable, et la présente façon thriller. Un film à suspense donc, teinté de frisson, avec un mystère planant tout le long du film. A maintes reprises, on reconnaît la patte du réalisateur, passé maître dans l'art de surprendre et d'entretenir une atmosphère angoissante, que ce soit dans un immense champ de blé, ou dans un huit-clos à quelques pieds sur terre. Signes prend aux tripes, avec beaucoup de force et d'impact, comme si le scénario devenait subitement réel. A l'instar des protagonistes, on ne peut pas croire ce qui se passe, on ne veut pas croire que l'imagination devient évidence. Pourtant les indices affluent, se recoupent, s'accumulent, des plus insignifiants au plus dérangeants, des plus flous au plus éloquents, leurs origines restant toujours tapis dans l'ombre. Pris à la gorge, calé dans son fauteuil, on attend fébrilement le dénouement, les réponses, l'explication rationnel de tout ceci. Mais si Sixième Sens nous avait habilement berné de bout en bout, principalement dû à un final déconcertant, Signes ne souhaite pas le faire de la même façon, et ce qu'il nous dévoile au bout du compte, c'est un sujet caché par un autre sujet. Pas moyen d'en dire plus sans dévoiler les ficelles. En cela, l'achèvement de tout ceci laisse un arrière goût, peut-être une petite déception après cette longue torture des nerfs.
D'un certain point de vue, Signes sera vu comme le moins bon des trois films de Shyamalan, pourtant un excellent thriller horrifique qui vise juste dans sa réalisation et dont l'atmosphère angoissante ne retombe pas une seconde. Tout comme Bruce Willis, Mel Gibson trouve une renaissance dans un rôle qui pourtant ne lui était pas forcément destiné, donnant une belle interprétation au personnage de Graham et ne dérapant jamais dans la facilité. Ce qui n'est pas le cas du scénario, certes bien écrit, qui ne retrouve pas les éléments subtils de ses deux prédécesseurs et retombe mollement après 1h45 de film.