S1m0ne
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 24/09/2002 (Tags : simone film rachel pacino niccol andrew cinema
Actual Fantasy
Les stars ont pris le rôle des icône virtuelles (Tomb Raider, etc.), c'est au tour des synthétiques de prendre la place des stars. Telle est la vision peut-être un brin pessimiste de Andrew Nicol, réalisateur déjà à l'origine de deux monstres d'anticipation, Bienvenue à Gattaca et The Truman Show. Il réalise aujourd'hui S1m0ne, une comédie teintée de réflexion sur le danger de la sur-médiatisation et les dérapages qu'elle engendre.
Victor Taransky (Al Pacino), ancien réalisateur dans le vent, voit son dernier film « Aube Crépuscule » s'écrouler avec le départ de l'actrice principale Nicola Anders (Winona Riders) avant même que l'oeuvre ne soit finie. Son ex-femme Elaine, la productrice, met alors fin à son contrat. Quelques temps après, alors que Victor a hypothéqué tout ses biens en espérant dénicher l'actrice miracle capable de remplacer Nicola, il reçoit l'héritage de Hank Alenon, informaticien génial décédé des suites d'une tumeur à l'oeil : « Simulation One », un générateur d'actrice virtuelle plus vraie que nature. Victor l'utilise pour terminer son film, qui reçoit un succès inconcevable. L'Amérique est alors à genoux devant Sim(ulation)one, incapable de se douter que l'actrice n'est autre qu'un amas de pixels...
Le futur est en marche. De plus en plus, le virtuel intègre le cinéma, à chaque fois plus impressionnant, plus vivant, plus réel. De cette constatation, Andrew Niccol cherche alors à regarder plus loin : Et si une actrice virtuelle devenait une véritable star..? Et si elle faisait la couverture de tous les magazines, devenait la préoccupation N°1 de la population, raflait toutes les récompenses, s'intégrait si profondément dans la réalité que personne ne serait capable de distinguer la supercherie..? S1m0ne personnifie cette peur, ces appréhensions au regard de l'avancée technologique et au « danger » qu'il constitue pour les acteurs de chair et d'argent, mais surtout elle pose un regard plus que subtil sur le véritable noyau de cette menace : la médiatisation. Une star ne se fait pas toute seule, tout le monde le sait. Le personnage de Al Pacino, Victor Taransky, l'a bien compris, et sa principale difficulté va être de convaincre les médias que sa star est bien réelle, et cela sans leur montrer le tas de processeurs à son origine. Car S1m0ne est surtout une comédie, une satire du monde des étoiles hollywoodiennes, sujettes au moindre caprice et sous la coupe des médias. Une comédie simple dans son principe, dans son allure, menée de main de maître sans aucun écarts, à laquelle on pourra toutefois reprocher un manque d'originalité et parfois aussi un petit manque de rythme (très minoritaire, je vous rassure).
S1m0ne constitue l'excellente surprise de la rentrée, un juste divertissement un peu surréaliste, qui pointe du doigt avec malice les stars et leurs fans même s'il est loin de nous exploser de rire. Al Pacino est remarquable dans sa composition de réalisateur dopé au virtuel, soumis à la carrière de splendide Rachel Roberts (Simone, et oui elle n'est pas vraiment virtuelle !).