Pur Sang, La légende de Seabiscuit
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 09/10/2003 (Tags : film seabiscuit gary sang legende ross cheval
Parmi les descendants du champion de la course chevaline Man O'War, Seabiscuit n'avait rien pour réussir. Petit comme un poney, indiscipliné comme un étudiant, seuls son propriétaire Howard, son entraîneur Smith, et son Jockey Pollard croyaient en son potentiel et en sa rage intérieure. Un pressentiment plus que profitable quand on sait que le canasson devint une des figures les plus emblématiques des années post-crise boursière, une machine à courir qui une fois maîtrisée devenait pratiquement imbattable.
Et c'est cette histoire « vraie de chez vrai » que choisit aujourd'hui de nous raconter Gary Ross pour son deuxième film derrière la caméra, après l'agréable Pleasantville qui marquait déjà la première collaboration avec l'arachnidé Tobey McGuire. Une success-story, cela va sans dire, doublée d'une emblématique chère à l'Amérique selon laquelle l'homme (comme l'animal) doit malgré la tempête se relever coûte que coûte et, si possible, avec panache.
Sa fortune est menacée par les difficultés boursières survenues en 1929, son fils décède dans un accident de voiture, et sa femme le quitte. Pour Charles Howard (Jeff Bridges), modeste vendeur de bicyclettes enrichi par l'expansion de la voiture motorisée, la chance semble bien tourner du mauvais côté. Remarié, et de nouveau sur la pente du bonheur, il décide de se lancer dans la course hippique en acquérant, sur les conseils de son « vieux fou » d'entraîneur, le cheval Seabiscuit. Maltraité, trop petit, incontrôlable, l'étalon ne semble pas vraiment être né pour se lancer à bride abattue sur une piste terreuse devant des centaines de spectateurs. En engageant Red Pollard (Tobey McGuire), un jockey doué mais filant un très mauvais coton, Charles pense avoir trouvé la cavalier idéal pour sa présumée flèche des champs de courses...
La (petite) monture est fougueuse, très indisciplinée, et bien mal conditionnée ; le (grand) cavalier n'attend plus rien de la vie, est borgne d'un oeil, et prend rapidement le rouge aux joues. Ils étaient faits pour s'entendre, et c'est ce qui va être montré. Passée une longue introduction sur les déboires de la jeunesse de Red et sur le déclin financier de Charles, Seabiscuit fait son entrée à grands sabots et doit « réapprendre à être un cheval » (et aussi se trouver un autre nom) avant de galoper dans l'hippodrome. Comme toute success-story qui se respecte, les clichés sont soigneusement inspectés et emboîtés dans l'histoire quelqu'en soit le prix. Ainsi, chaque personnage peine à recoller les morceaux de sa vie avant que n'arrive Seabiscuit, cheval prédestiné à perdre qui, contre toutes attentes (sauf les nôtres), va ridiculiser les grands noms de la course hippique en quelques coups de cravaches bien senties. Avec, bien sûr, un certain lot de hauts et de bas que chacun surmontera en n'oubliant pas de diffuser l'essence même du film : « Si tu tombes de cheval, remonte aussi sec, même si ta jambe est brisée en une douzaine de fractures et que le doc t'assure que tu ne pourras plus jamais remonter ». Toutes proportions gardées, c'est un peu le système d'appréciation d'un film moyen voire mauvais sur l'ascension médiatique de telle ou telle star : si la vedette en question fait partie de vos idoles, vous aurez de fortes chances d'aimer l'histoire. Appliquée à Seabiscuit, la règle devient : « Si vous aimez les chevaux, vous avez de fortes chances d'aimer Seabiscuit ». Surtout, qu'à la réflexion, Gary Ross ne démérite jamais à l'application de son art, si ce n'est une certaine mollesse de rythme lors des moments à priori hot (les courses) et de quelques longueurs assez désagréables.
Une success-story chevaline relativement commune et un peu longuette par moments, conforme à ce que l'on pourrait attendre d'une histoire vraie : Des hauts, des bas, une morale, une Amérique en plein contexte historique, et tout ça finit bien. Pour les branchés Equidia, aucun problème à l'horizon, les autres grimaceront peut-être.