7.5/10The Host

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 28/11/2006
Notre verdict : 7.5/10 - L'horrible invité (Fiche technique)

L'horrible invité

Sur un air de musique classique, des images au ralenti montrent une ville apparemment paisible, située au bord d'une rivière. Une ville qui se voit violemment perturbée par l'intrusion d'un monstre à l'allure incertaine. C'est ainsi que la bande annonce de The Host tenait le spectateur en haleine avant sa sortie. En quelques minutes, tout y était : de l'émotion, du second degré et une bonne dose d'improbable. Un cocktail décapant que l'on retrouve pendant les deux heures de ce film atypique sud-coréen.

Une balade entre les genres


A mi-chemin entre le film de monstre, l'horreur, le comique et le drame familial, The Host se balade avec une facilité déconcertante. Les relations de la famille Park sont touchantes, notamment grâce à des visages décomposés par la désorientation de l'enlèvement de la petite Hyun-seo (Ah-sung Ko). Alors que cela pourrait paraître surfait, la solidarité familiale dégage ici une force étonnante, qui trouve son point d'orgue dans la profondeur de la relation père-fille. Si le film ne tombe jamais dans les larmoiements, c'est grâce à un second degré fait souvent son apparition sans prévenir. Dans ces instants, le réalisateur Joon-ho Bong s'amuse à ridiculiser ses personnages principaux, faisant d'eux de parfaits anti-héros. Dès lors, ils deviennent rigolos, délirants, voire même hilarants. En tête, le père Gang-du (Kang-ho Song) est un gag à répétition avec son attitude en décalage permanent.


Dès les premières minutes, la monstruosité dégénérée fait une entrée fracassante. Montrée en plein jour, on nous fait clairement comprendre que l'intérêt du film ne réside en aucun cas dans de potentiels mystères autour d'elle. Son rendu visuel, particulièrement fluide et complexe, procure d'intenses satisfactions à chacune de ses apparitions. Oui la bête mutante est réussie, trouvant le juste milieu entre le grotesque, le répugnant et le dangereux. Toutes les scènes qui la font apparaître sont donc des moments forts, souvent mis en valeur par de judicieux et somptueux ralentis. Avec ce procédé aujourd'hui bien connu, Joon-ho Bong procure autant de tensions que de beautés graphiques. La scène de destruction finale constitue ainsi une grande leçon de réalisation.

En continuant sa perpétuelle alternance de genres, le long métrage en profite pour offrir des manipulations psychologiques perturbantes et un tableau simple et précis de la machine médiatique. Le tout accompagné d'une musique à propos, The Host se regarde avec un esprit ouvert, qui saura trouver dans ce film les multiples entrées qu'il propose.