L'homme qui voulut être roi
Cinéma / Critique - écrit par Val Lazare, le 11/10/2004 (Rahh les bons petits films d'antan !
Quand réalité et fiction se tiennent par la main...
Pendant plus de deux mille ans, le fabuleux trésor de la "colline d'or" a dormi bien à l'abri de tombes creusées au Ier siècle avant notre ère dans le nord de l'Afghanistan, une région qu'on appelait alors la Bactriane. Puis à peine sortie de terre en 1978, ses 20600 pièces ont dû à nouveau être cachées, dans une chambre forte du sous-sol de Kaboul cette fois, pour ne pas subir les secousses de l'histoire afghane contemporaine. Les talibans eux-mêmes se sont cassés les dents sur les septs serrures fermées par les clés confiées à sept personnes différentes qui les protégeaient. Le régime actuellement en place à Kaboul a, lui, fait ouvrir ces portes. Le Monde 2 - 25 Septembre 2004
Un trésor caché, un royaume dont on ne sait s'il a réellement existé, et finalement des hommes avides... La réalité rejoint parfois étrangement la fiction. En 1975, John Huston réalise L'homme qui voulut être roi, adaptation éponyme du roman de Rudyard Kipling.
A la fin du XIXème siècle, deux francs-maçons, anciennement soldats de la couronne britannique, font les quatre cents coups en Inde. Après avoir soumis le Radjah au chantage, nos deux crapules décident de jouer leur va-tout: trouver le royaume légendaire du Kafiristan (la Bactriane de l'Histoire) et s'y faire sacrer rois. Pas moins! Ces deux gentlemen-brigands, chez qui la témérité le dispute à l'appât du gain, soumettront leur projet à Rudyard Kipling, qui se fera alors dépositaire de leur aventure extraordinaire, et de son tragique dénouement.
L'Homme qui voulut être roi a certes pris quelques rides. Tourné en 1975, l'absence d'effets spéciaux ou de scènes vraiment tape-à-l'oeil en font un joli rêve chargé de nostalgie. Le tandem Michael Caine/Sean Connery est, quant à lui, simplement savoureux et nous ferait presque oublié un enchaînement de plans qui s'ils ne sont inspirés, s'avérent diablement efficaces.
Plus qu'un simple film d'aventure, L'Homme qui voulut être roi reste un classique dont les ressorts seront maintes et maintes fois repris et ce pour notre plus grand plaisir: l'unité devenant dualité face au désir, ici le pouvoir; un scénario exotique où des héros, portant en eux tout ce qui représente l'Occident, parcourent les mythes et légendes de l'Humanité; l'ironie de ces deux européens, tout à la fois méprisants et ébaillis par ces terres et ces peuples qui leur sont étrangers, laisse aussi bien place au burlesque qu'au drame. On pense alors forcément aux Aventuriers de l'Arche Perdue, référence ultime du film d'aventure tournée 6 ans après L'homme qui voulut être roi. Quelle différence entre deux anglais voulant devenir rois et accessoirement piller à tour de bras un royaume légendaire et un Indiana délestant les tribus de leurs idôles et hurlant à qui veut l'entendre "... sa place est dans un musée !" ?
John Huston, réalisateur du Faucon Maltais et de Moby Dick, signe avec L'Homme qui voulut être roi un film d'aventure tout aussi divertissant que réfléchi ou même comique. Les petits jeunes n'ont qu'à bien se tenir !