4/10Le Grand'Tour - Promenons-nous dans les bois...

/ Critique - écrit par Islara, le 16/07/2013
Notre verdict : 4/10 - L'émotion ne passe pas, donc on s'ennuie... (Fiche technique)

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Le synopsis du film Le Grand'Tour peut être tout à fait engageant, à la fois parce qu'on s'imagine qu'il va y avoir le comique de la fête et en même de la réflexion derrière une apparente légèreté. 10 hommes dans la quarantaine, 10 amis, rejoignent à pied "le carnaval du monde" pour faire la fête, marcher à travers bois, le temps d'un week-end, sans femmes ni enfants. Faire un tour en quelques sorte. Ils ne reviendront que six mois plus tard, et encore, pas tous !

Le défi dans cette histoire d'aventures personnelles, c'est que le film s'est voulu à moitié documentaire, à moitié fiction. Le résultat, malheureusement, se résume par le mot ennui. Comprenons-nous bien, l'ennui, on peut le tolérer en partie lors d'une visite de musée, lors d'une conférence quelconque ou au cours d'une émission de télévision, mais pas au cinéma. L'ennui est l'ennemi numéro un du spectateur qui va dans la salle obscure. Donc, forcément, lorsqu'une réalisation tombe dans ce travers, nous ne pouvons pas, en toute conscience, l'encenser.

Le Grand'Tour - Promenons-nous dans les bois...
Boire, marcher, dormir, et la cocaïne en plus.Comment Le Grand'Tour en arrive-t-il là ? Mauvaise construction : non, on sent que les scénaristes et le réalisateur ont construit deux parties et qu'un certain rythme est présent. Scénario bidon ? Pas plus, l'histoire avance, avec plusieurs péripéties, vers un vrai final. Mauvaise prestation d'acteurs ? Non plus, les personnages sont naturels et tout à fait crédibles. On salue d'ailleurs au passage leur prestation alors qu'ils ne sont pas professionnels. Personnalités antipathiques ? Au contraire, les gars sont toujours chaleureux et sympathiques, ne s'attaquent à rien ni personne et paient même tout ce qu'ils doivent.

Alors, où est l'écueil ? Tout simplement dans l'absence totale d'intensité émotionnelle. Voir dix gars complètement paumés se bourrer la gueule pendant la première moitié du film, lâcher femmes et enfants sans donner de nouvelles pendant 5 semaines, se shooter à des drogues diverses et variées, sans que l'on sache pourquoi, ni qu'eux-mêmes ne le sachent, n'a strictement rien de palpitant, surtout quand sait qu'ils ont 40 ans. Le film ne prenant pas la peine de nous faire connaître un minimum leurs histoires personnelles, on n'arrive pas à cerner leur délire et du coup on ne parvient pas à y entrer avec eux. Leur dépravation et leur déchéance progressive parviennent juste à nous étonner un peu plus à chaque minute et à nous interroger sur l'issue de cette folie, laquelle nous fait seulement décrocher un sourire une ou deux fois. Le Grand'Tour - Promenons-nous dans les bois...
Une quête sans but, si ce n'est fuir et
finir par trouver du sens.
Ensuite, dans la seconde partie, plus sérieuse, alors qu'on espère vivre enfin la quête, que parfois on croit y parvenir, rien n'y fait, on reste détaché, l'émotion pourtant réelle des personnages ne passe toujours pas. Pourquoi ? Un certain manque de dialogues, un manque d'images de grands espaces, un manque de musique aussi probablement. La caméra à l'épaule n'aide pas non plus beaucoup. Amis lecteurs sujets au mal des transports, passez votre chemin.

Il n'y a en définitive que la fin qui nous donne la mesure de cette aventure, qu'on a tous un peu vécu mais à bien plus petite échelle, car peu d'entre nous ont ainsi tout sacrifié pour vivre la liberté des grands espaces et fuir la réalité du monde pendant 6 mois. Le pari de Jérôme le Maire et Vincent Solheid était intéressant mais il ne convient pas à un public en attente d'intensité émotionnelle ou d'identification.

Bref, contrairement à ce que peut laisser suggérer l'affiche, ne vous attendez donc pas à un Very Bad Trip belge, il n'en a que la dépravation et pas l'humour. Il a néanmoins le mérite d'avoir une touche finale bien plus juste.