8/10Gothika

/ Critique - écrit par Guillaume, le 11/01/2004
Notre verdict : 8/10 - Gothika, le seul film qui porte mal son nom (Fiche technique)

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Pas plus de dix minutes depuis la sortie du cinéma. Parcourir les rues, dans la nuit, en scrutant tout autour de soi à la recherche d'éventuels spectres. C'est là le lot des spectateurs de Gothika. S'en remettre va prendre quelques heures sans doute. Une grosse claque. Pas tant graphique ou scénaristique que purement émotionnelle. Une histoire de fantôme, ce n'est déjà jamais très rassurant, mais si en plus on saupoudre d'une pelletée de frissons et d'une poignée de sordide... Brrr. Il commence à faire froid.

Miranda est une brillante psychiatre oeuvrant dans un institut aux allures de pénitencier. Rentrant un soir chez elle, elle manque de percuter une jeune femme arrêtée au milieu de la chaussée. Allant s'enquérir de sa santé, elle n'obtient pour toute réponse qu'une ribambelle de flammes et un évanouissement instantané...
Le cauchemar commence alors. Miranda se réveille dans une cellule de son institut. On la considère folle : elle a tué son mari juste après sa rencontre avec la jeune femme... et d'une façon bien sordide puisque la hache et les petits morceaux sont de la partie. Comment va-t-elle prouver son innocence ?
Le petit jeu du chat et de la souris prend place, afin de confronter Miranda aux causes de sa folie, de son acte barbare. Plus l'histoire avance, plus le surnaturel intervient, et plus le scénario devient glauque.

Autant vous prévenir tout de suite, Gothika n'est pas pour tous les publics. Les images font sursauter à de nombreuses reprises, et le scénario dérive tellement dans la surenchère de la folie psychotique et du dégoûtant que l'on sort de la projection avec un goût très mitigé, à la fois conscient d'avoir vu un film aux ficelles éprouvées mais efficaces, et certain de n'avoir pas pu l'apprécier à cause de cette abondance malsaine d'éléments anormaux.

Les images, à de rares exceptions, font frissonner non pas par leur aspect boucherie, comme il est de coutume dans les films d'horreur classiques, mais plutôt par la succession d'images qui dévoilent tout à coup des spectres et des dangers immédiats. L'ambiance est extrêmement sombre, la musique terrifiante et l'impuissance de Miranda tellement grande que l'on ne peut que s'angoisser sans cesse. Il n'est pas rare d'avoir un plan rotatif autour d'elle et d'apercevoir un spectre là où une seconde auparavant il n'y avait que le vide. La violence est omniprésente et impitoyable : les plans de caméra nous agressent par des apparitions abruptes, les spectres frappent et ne parlent pas, les esprits humains sont totalement dérangés.

Kassovitz, avec Gothika, livre un film tout à fait angoissant et plutôt réussi. Cependant, même si on est encore sous le choc à la sortie de la projection, on ne peut s'empêcher de voir avec quelles grosses ficelles il parvient à distiller les émotions. Ce ne sont même plus des ficelles, ce sont des cordes ! On est à des kilomètres du film d'auteur, mais on ne peut nier une certaine qualité à Gothika. Un film intéressant pour mesurer à quel point on peut être ému par une machine à frissons.