Full Contact
Cinéma / Critique - écrit par knackimax, le 06/06/2008 (Tags : contact full boxe kick karate protege sport
Un excellent Van Damme, tant au plan martial que pour sa performance larmoyante devant une caméra pour le coup plutôt maîtrisée. J'ai aimé et j'ai même pas honte, il devait être à son apogée.
Francois Gautier se fait brûler au soixante-douzième degré lors d'un deal de drogue qui se passe particulièrement mal. Arrivé à l'hôpital il crie de toutes ses forces « LIOOOOOO... ». Lyon Gautier, le frère de ce dernier, sert au même moment de bidasse dans la légion étrangère dans les environs de Djibouti. A l'annonce de l'état dramatique de son frère - par lettre, il se rebelle contre sa hiérarchie et déserte pour voler à l'aide de sa famille. Il arrive malheureusement trop tard pour revoir son frère en vie. La seule façon pour lui de subvenir aux besoins de sa belle-sœur et de sa nièce est de persister dans l'illégalité de sa situation en participant à des combats clandestins.
Une fable fantastique
Tout commence donc par une magnifique aventure. Lyon traverse le désert jusqu'à un moment d'épiphanie où il se réveille au bord de l'océan au petit matin après s'être effondré de fatigue sur le sable brûlant du crépuscule... Il change alors de chemise tel un homme neuf qui désire se donner un nouveau départ et il trouve un moyen de traverser la mer pour aller loin, près des frontières lointaines de son cœur, le regard vide et léger... l'horizon en poupe. Je ne vous le cache pas, ça se passe mal sur le bateau et après une altercation avec le capitaine, Lyon se jette à l'eau a priori dans un endroit inconnu car il fait très noir. Il émerge par hasard, et mouillé, dans le port de New York, ville accueillante où sa chemise (la même) sèche sur son corps enfin réchauffé de ne plus être dans l'eau gelée de la rivière Hudson. Au détour d'une ruelle, il aperçoit des combats de clochards sous un pont et décide de laisser sa curiosité le porter jusqu'à ce cercle de cultures diverses et variées allant du missile drop kick au cassage de gueule à la John Wayne. C'est ainsi qu'il gagne son premier combat et se découvre un manager qui l'emmènera jusqu'à Los Angeles pour retrouver sa famille. Il découvre alors la tragédie qui lui pendait au nez. Pendant cette épopée fantastique de plusieurs mois, son frère n'à pas survécu à ses blessures. Son coach lui promulgue alors la morale de cette fable urbaine :
« Hey mon pote t'as l'air d'un type qui veut se jeter d'un pont. Tu veux du poulet. »
La légende de Lyon Cœur de Lion
Lyon est perdu, sa famille le rejette pour avoir perdu son temps en route, il ne parle pas la langue et ne possède que deux mille dollars. Cette somme correspond d'ailleurs à celle que JCVD avait en poche lorsqu'il arriva aux États-Unis dans son périple vers la gloire. Son chemin commence également à LA, ce qui rajoute une coïncidence à celles qui parcourent les scénarios dont il est le compositeur. A l'instant où tout s'écroule dans sa nouvelle vie, il devient alors une icône du monde souterrain des arts martiaux dans un Hollywood parallèle mené par une pègre peu reluisante avec à sa tête une femme fatale qui le prend pour son poulain - dans tous les sens du terme. Un univers assez bateau donc mais pas gênant, surtout quand celui-ci nous permet toutes les folies qui font l'intérêt de Full Contact et qui permettent au jeune légionnaire de devenir le magicien des sports de combats que l'on connait. Son nom devient alors cœur de lion, et ce qu'il fait c'est par amour pour sa famille.
La symbolique du messager
Les combats s'enchaînent, ainsi que la gloire qui les accompagne. Que ce soit dans un parking entouré de limousines contre un Ecossais en kilt, ou bien dans une pataugeoire entourée de femmes en bikini contre un homme en maillot de bain à bretelles, Jean Claude reste digne et droit, n'acceptant que les codes de la misère humaine qui l'a fait tomber aussi bas. Son cœur reste pur malgré toute cette violence et ce cynisme, malgré les légionnaires qui le pourchassent depuis l'Afrique et le rejet des siens. Un rôle carré donc, honnête et assumé et pourtant pas si reluisant que ça, un personnage avec un message. Presque critique de sa nature et de ses désirs, il se propose sur scène avec habileté en dehors des combats, presque à nu, sans émotions, très peu d'attachement à ce monde. Certes il a le beau rôle mais celui-ci est teinté de noirceur, une ombre qu'on ne verra pas si souvent que cela sur son visage. Soit il est encore très innocent soit il rentre dans son âge adulte et les bêtises dont il à parlé depuis des centaines de fois. En tout cas c'est un Van Damme très intéressant qui se pose devant cette caméra, un Belge oublié dans une jungle qui ne peut que le manger et où il ne peut compter que sur ses principes, des valeurs sûres.
Son alter-ego et coach est là pour lui rappeler les limites d'une telle légende et d'une telle force en lui faisant miroiter ses faiblesses, lui qui est un ancien habitué des tournois cassé par son combat contre la vie.
« Tu sais ce que c'est ton problème, t'as un trop grand cœur Lyon. »
L'un dans l'autre, ce contexte larmoyant et personnalisé, accompagné d'une bande son loin d'être critiquable (il s'agit concrètement de bonne composition musicale pour un film de ce genre) nous met les larmes aux yeux malgré la proportion de nanar attitude de ce film. On était pourtant parti pour rire très fort avec une affiche pareille. C'est quand même l'histoire d'un type qui fait le grand écart sur une voie ferrée. Mais même ici on est bluffé et on nage déjà dans le symbolisme. Probablement que si l'affiche pouvait parler elle nous dirait : ça sert à rien de savoir faire le grand écart si on se fait écraser par un train. Remarquez, peut-être qu'elle ne dirait rien ou qu'elle laisserait Jean Claude nous regarder avec toute sa sagesse. Allez savoir hein ! Mais en tout cas en me laissant aller à la fin j'ai un peu pleuré... pour l'interprétation bien sûr.