7/10Française

/ Critique - écrit par riffhifi, le 04/06/2008
Notre verdict : 7/10 - Dans quel état j’erre ? (Fiche technique)

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Quête identitaire pour une jeune fille ballotée entre la France et le Maroc. Un récit simple mais fort, qui magnifie le jeu de Hafsia Herzi.

Si La graine et le mulet, malgré son succès critique et son César, pouvait laisser à la porte le spectateur amateur de cinéma "traditionnel" (celui dans lequel on trouve un scénario et une réalisation), on pouvait tout de même tenter de lui accorder le mérite d'avoir révélé la jeune Hafsia Herzi. Erreur : la réalisatrice Souad El-Bouhati l'avait déjà repérée, et lui avait offert le rôle principal de Française, qui n'a atteint les écrans qu'il y a une semaine seulement...

Sofia est née en France et y a grandi. Pas de bol, à 8-9 ans, elle retourne au Maroc avec sa famille : elle ne s'y sent pas chez elle et ne rêve que de rejoindre l'Hexagone. Elle devient alors une élève modèle, animée par la perspective que son père lui rende son passeport et la laisse retourner dans « son » pays. Mais
celui-ci craint que sa fille ne subisse une cruelle désillusion, et s'efforce de la protéger malgré elle.

L'attraction du film, incontestablement, est son actrice ; dans la première moitié du film, on pourrait dire qu'elle a beau jeu de paraître talentueuse, entourée qu'elle est d'une galerie d'acteurs de son âge probablement amateurs. Heureusement, l'action se resserre progressivement autour de la famille proche du personnage, où l'on apprécie particulièrement le jeu tout en sobriété des parents. C'est dans cette deuxième partie que la sensation d'oppression de l'héroïne se fait presque tangible, que son sentiment d'étouffement devient poignant. L'impuissance du personnage face à une situation dont il n'est pas responsable est source de scènes très fortes, à défaut d'être profondément originales. A mi-chemin entre deux cultures, Sofia devra aller au-delà de la simple rébellion pour se définir avec sincérité...


Filmé avec douceur dans un Maroc à la fois chaleureux et oppressant, traitant avec sensibilité de la question de l'identité (malgré une relative lourdeur par moments : « Alors, tu es française, marocaine, africaine ou arabe ? »), Française a le bon goût d'éviter le manichéisme, jusque dans son final en demi-teinte. La scénariste-réalisatrice connaît probablement bien son sujet : d'origine marocaine, elle est née à Toulouse en 1962 où elle devenue éducatrice avant de s'essayer au cinéma en 1999 ; elle réalise alors le court-métrage Salam, remarqué au Festival de Cannes. Française est son premier long métrage et, on le souhaite, pas le dernier. Ni celui de Hafsia Herzi, 21 ans, qu'on ne doute pas trop de revoir prochainement...