Festival de Cannes 2011 : à quoi ça sert ?

/ Actualité - écrit par riffhifi, le 14/05/2011

Tags : festival cannes film films prix cinema selection

Le Festival de Cannes est souvent réduit par le grand public à deux images d'Epinal : une sélection de films chiants que personne n'ira jamais voir en salles, et une profusion d'orgies où se télescopent paillettes et starlettes dans un kaléidoscope d'excès intolérables. Il serait dommage de réduire un événement aussi riche à si peu de choses. Si Cannes n'avait pas de "s", il faudrait lui en mettre un : examinons donc les différentes facettes, et leurs raisons d'être. Et mettons de côté les courts métrages, qui ont leurs sélections et sont sûrement pleins de qualités, mais qui s'effacent majoritairement devant la dictature des longs.

  • la sélection officielle, la plus médiatisée, est décomposée en trois parties : la compétition composée de vingt films, consacrée au "cinéma d'auteur grand public", et dont le vainqueur attirera les regards en raison de sa Palme d'Or (qui n'est pas synonyme d'exploitation massive ni de succès public, comme en attestent les 130 000 malheureuses entrées d'Oncle Boonmee) ; Un Certain Regard composée de vingt autres films, qui s'attache à des oeuvres "singulières, originales dans leur propos et leur esthétique" (la différence avec la compétition est un peu nébuleuse) ; Festival de Cannes 2011 : à quoi ça sert ?
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    et les quelques oeuvres "hors compétition", dont certaines sont labellisées "séances spéciales", qui sont là uniquement pour être vues, sans récompenses à la clé (la plupart sont des productions dont la carrière commerciale est à peu près assurée).
  • la Quinzaine des Réalisateurs, fruit de la sélection de cinéastes, comporte cette année 21 films.
  • la Semaine de la Critique, sélection faite par un comité de journalistes cinéma, compte sept films. Au sein des sélections citées jusqu'ici, tous les premiers films sont en lice pour la Caméra d'Or, qui mettra donc un coup de projecteur sur un réalisateur émergent.
  • l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) organise une programmation parallèle, relayée tout de même par le Festival, qui compte cette année neuf films.
  • Dans toutes les catégories précédentes, l'objectif des films est d'être vus, d'être appréciés et d'obtenir une reconnaissance des critiques et des professionnels ; au Marché du Film, en revanche, l'objectif est entièrement économique, et consiste à orchestrer la rencontre des acheteurs et des vendeurs. Pas de palme ni de cérémonie, il s'agit pour les attachés de presse de dégotter les distributeurs qui vont sortir leurs films. Au total, plus de 1500 projections sont visibles au cours du festival ! Le Marché du Film fera l'objet d'un article dédié.
  • la Cinéfondation, qui aide un panel de jeunes cinéastes à produire leur premier ou deuxième film.
  • En bonus, deux manifestations permettent de se repaître de films déjà reconnus : la sélection Cannes Classics, composée de grands films remasterisés, et le cinéma de la Plage, qui propose chaque soir une séance en plein air gratuite.
  • Pour profiter du moment, la ville se voit pousser d'autres manifestations marginales, comme Entr' 2 marches, un festival de films consacrés aux handicaps parrainé par Georges Lautner, ou Made in Cannes qui regroupe des spectacles de danse, de théâtre, des concerts... Si on ajoute à tout cela les spectacles de rues, les excentricités en tous genres (marins montés sur échasses), il est difficile de s'ennuyer à Cannes en cette période de l'année.

Au final, qu'on vienne au Festival comme professionnel du cinéma ou comme journaliste, pour voir des films ou pour les faire, les vendre ou les acheter, il y a peu de chances d'y perdre son temps quand on aime le cinéma.