La faille
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 19/05/2007 (Anthony Hopkins refait le coup du criminel machiavélique. Faible.
Les films de procès constituent un genre typiquement américain. Ils se délectent même de séries entières à la Perry Mason, centrées autour du tribunal où se joue la vie des individus appelés à la barre de l'accusé. Ici, l'appelé est coupable, et il s'appelle Anthony Hopkins...
Ted Crawford (Hopkins) est un homme machiavéliquement intelligent, qui abat sa femme et se laisse arrêter sans résister par... l'amant de sa femme. Son procès semble réglé d'avance, sauf qu'au dernier moment, il s'avère qu'aucune preuve matérielle ne vient étayer l'accusation. L'affaire est corsée pour le jeune procureur aux dents longues William Beachum (Ryan Gosling).
Rien a priori ne pouvait laisser penser que le film serait enthousiasmant. Sir Anthony Hopkins en fourbe redoutablement intelligent, on a déjà vu le tableau quelque part. On l'a même trop vu, et Le silence des agneaux est 17 ans derrière lui. Si le comédien, qui fêtera ses 70 ans le 31 décembre prochain, est toujours alerte et talentueux, il faut bien admettre qu'il joue plus efficacement sur la corde de la bonhomie insolente que sur celle du regard fou inquiétant. L'intrigue, quant à elle, se présentait comme une version grand écran d'un épisode de Columbo. Et Columbo sans Peter Falk, ça craint.
« Même une horloge cassée arrive à avoir raison deux fois par jour »
Bonne surprise, l'intrigue se détourne assez rapidement du personnage de Hopkins pour se concentrer sur le procureur qui lui fait face. Un personnage auquel on n'accorde au début que peu d'intérêt, avant de réaliser les enjeux qu'il affronte dans sa vie, et les choix moraux pénibles qu'il s'impose perpétuellement. Derrière son air faussement cynique, il porte le poids de ses décisions avec d'autant plus de peine qu'il n'a pas eu l'air de profiter pleinement de ses jeunes années. Fera-t-il les bons choix, osera-t-il devenir l'homme juste qu'il aspire à être ? Ou restera-t-il un homme de loi carriériste et insensible ?
Sans être parfaitement exploitée, cette thématique a tendance à redorer le blason d'un film par ailleurs assez prévisible. Dommage donc que le scénario s'en éloigne trop souvent, allant même jusqu'à massacrer un embryon de fin édifiante pour le remplacer par un dernier quart d'heure qu'on croirait tout droit sorti d'un épisode de Columbo. Et Columbo sans Peter Falk, ça craint.