Nous étions soldats
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 03/05/2003 (Tags : film soldats moore guerre nous cinema wallace
Vietnam Reloaded
Le film de guerre à l'américaine, tout le monde en connaît le principe. Un contexte historique inoubliable, un patriotisme éclatant, du courage en veux-tu en voilà, des morts, des explosions, du sang, tout cela emballé dans une jolie pochette pailletée « hommage à ». Une initiative tellement récurrente que l'on en oublie parfois le message, l'essence même du film, le petit déclic qui a motivé producteurs, réalisateur, et acteurs à s'investir dans un tel projet.
Et l'on peut à juste titre affirmer que le film possédait certaines caractéristiques capables de caresser l'âme sanglotante des victimes de la guerre du VietNam, car basé sur le livre « We Were Soldiers Once... And Young » de Harold G. Moore (lieutenant colonel de l'armée américaine) et Joseph L. Galloway (Journaliste), deux des acteurs de la bataille de Drang, en Novembre 1965. Une première rencontre sanglante entre Américains et Vietnamiens qui se devait d'être « immortalisée » sur pellicule.
Le 14 Novembre 1965, le lieutenant-colonel Harold Moore (Mel Gibson) et 395 de ses hommes atterrissent dans un des camps militaires américains postés au Vietnam. A peine arrivé, Harold se voit confié une mission qu'il juge quasi-suicidaire : Traquer un groupe de soldats ennemis aperçus non loin du camp, dans la vallée de Drang, et l'éradiquer. Et c'est ainsi que la première vague de la septième cavalerie de Moore s'envole pour la zone X-Ray, bien loin de s'attendre au guet-apens que leur ont préparé les Vietnamiens...
Bien que les scènes de violence soient nombreuses et parfois insoutenables, Nous Etions Soldats est d'abord un hommage rendu aux courageux casques verts tombés pendant ce premier affrontement entre vietnamiens et américains. Du moins, une fois l'affrontement commencé, la première partie réduisant sèchement l'intérêt du spectateur dans une avant-guerre ennuyeuse à souhait. Une bataille annoncée dès le départ comme stupide et suicidaire, mais qui sera envers et contre tout « gagnée » par les cinquante étoiles. Le sentiment d'inutilité du massacre présent s'estompe rapidement pour réhabiliter la bravoure dont fit preuve les « tombés pour l'Amérique », jeunes soldats dopés au patriotisme qui ne reverront plus jamais leurs femmes « qu'ils aiment ». Et ce point de vue féminin est également de la partie, par l'introduction des épouses éplorées solidaires et courageuses, dont Julie Moore (Madeleine Stowe), résignée comme jamais à trembler chaque minute pour son mari et les enfants qui l'attendent. De son côté Mel Gibson lutte, vocifère des ordres, se consterne de la tuerie inutile, et, par dessus tout, mitraille sans relâche les méchants Vietnamiens qui voudraient l'empêcher de revoir sa jolie épouse. Méchants Vietnamiens ? Relativisons, car le réalisateur Randall Wallace ne cache pas son désir d'imposer le respect pour les adversaires, succédant stratégie militaire américaine à celle du commandant des forces armées ennemies. Bref, dans les grandes lignes, rien que du déjà vu, aggravé par le ridicule de certaines scènes et discours, et par la prestation moyenne de Gibson.
Encore une poignante reconstitution plus vraie que nature d'une bataille historique sanglante, alourdie d'un message maladroitement mis en valeur qui ferait passer une bataille vaine et ridicule pour un acte de patriotisme sur-louable. En plein centre, Mel Gibson se démène comme il peut avec son personnage-colonel, au détriment d'une ou deux autres destinées qui aurait gagnées à être vraiment mis pus en avant (notamment le reporter Joseph Galloway, incarnée par Barry Pepper).