Entre les murs
Cinéma / Critique - écrit par Guillaume, le 29/09/2008 (Tags : entre film murs cantet begaudeau francois laurent
Entre les murs est un film saisissant qui parvient à dévoiler une vérité plus réaliste que ne l'aurait fait un documentaire, bien loin des poncifs habituels sur l'école.
Entre les murs, un titre adapté à l'enjeu : montrer le quotidien d'une classe de quatrième en filmant uniquement des scènes se déroulant à l'intérieur d'un collège.
La caméra se faufile incognito dans les salles de cours, dévoilant les échanges entre François (François Bégaudeau), le prof de Français et sa classe d'ados turbulents. Parfois elle préferera filmer la salle des profs, la cantine vide, la cour de récréation ou encore le bureau du Principal, mais elle reviendra toujours à l'élément central de l'école, là où le savoir se transmet, la salle de classe.
Le propos ici n'est certainement pas de fournir un aperçu du métier de professeur, on ne voit que peu d'échanges de connaissances. Il s'agit davantage de dialogues entre François et ses élèves, de confrontations, de prises de tête, voire de violence, de moments de complicité... Pas facile de discuter sereinement dans une classe. Les jeunes n'aiment pas franchement l'autorité, et il y en a toujours un pour aller plus loin, trop loin.
C'est ainsi qu'après une longue période de découverte de l'environnement, de prise de la température, le scénario se dirige vers un tourbillon tumultueux. Les conflits deviennent plus fréquents, plus virulents, parfois par la faute des élèves totalement incapables de montrer du respect à ceux de qui ils en exigent, tantôt pour une moquerie trop cinglante de François.
Souleymane occupe alors le devant de la scène, tout en restant au fond de la classe, et s'énerve jusqu'à finalement obliger les adultes à le convoquer en conseil de classe pour l'exclure.
La montée en puissance vers la sanction a ceci de vertueuse qu'elle laisse une impression d'impuissance de bout en bout. On ne punit pas le petit caïd pour éviter de le placer dans une situation inconfortable, et au final, on le dirige directement vers le conseil de discipline (donc l'exclusion) car il empêche la classe de travailler sereinement.
François n'est certainement pas le meilleur professeur au monde, mais il fait comme tous ses collègues, il essaie d'exercer son métier du mieux possible face à une classe hétéroclite qui lui renvoie souvent une image peu flatteuse de lui-même. On prend alors conscience qu'on a trop souvent tendance à oublier que le professeur est comme tout un chacun, loin d'être parfait, à l'image de ses élèves qui ont aussi leurs travers. Grande gueule, dissipé et sérieux sont parfois des faces différentes d'un même élève.
L'école ressort du film sous un jour assez étonnant. L'enjeu principal n'est plus tant de savoir ce que les élèves retiennent de l'enseignement, c'est avant tout de faire en sorte que la cohabitation pendant les cours se déroule du mieux possible... ce qui est favorable à la transmission du savoir, mais laisse un petit côté "garderie" en bouche.
Entre les murs est un film saisissant qui parvient à dévoiler une vérité plus réaliste que ne l'aurait fait un documentaire. La captation de scènes s'assemble dans l'esprit du spectateur qui forme son propre ensemble et se représente globalement la vie dans un collège. Peut-être sera-t-il davantage conscient de la difficulté d'enseigner, plus à même d'arrêter ses ingérances dans la vie scolaire de ses enfants ?
Pourtant tout n'est pas parfait dans ce beau monde. Si la première partie du film est passionnante et captivante, la suite s'essouffle. Suivre la descente vers le conseil de discipline résulte d'un processus peut-être nécessaire mais ennuyeux à la longue. Fallait-il réellement que la bobine présente envers et contre tout un fil directeur ? On se permet d'en douter. Observer suffit amplement. Pas besoin de faire de l'action hollywoodienne !