L'empreinte de la mort
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 22/01/2005 (
Evènement : Jean Claude Van Damme de retour sur grand écran. Avouez-le, il vous manquait presque. Et puis, en ces temps froids et gris, rien de tel qu'un bon petit film d'action plein de grands écarts et de coups de pieds retournés. Le problème, c'est qu'il ne s'agit pas d'un film d'action. Déjà, le qualifier de film, c'est limite, alors d'action...
Ben Archer (Jean-Claude Van Damme) se retire des affaires mafieuses, c'est décidé. Il va enfin pouvoir consacrer du temps à son fils Nicolas et à sa femme adorée. Le soir même, cette dernière ramène Kim, une petite réfugiée chinoise au passé insoupçonné. Ce qu'ignore les Archer, c'est que son père n'est autre qu'un parrain des triades chinoises très à cheval sur les principes de famille. Froidement, il fait assassiner madame Archer et les parents...
Commençons par ce qu'il convient de commencer. Que c'eut été avec Jet Li, Orlando Bloom, Chuck Norris, ou Thierry Lhermitte, cela serait revenu irrémédiablement au même : on se fout éperdument du personnage principal. Et c'est donc un Van Damme sans ceinture noire qui se présente à nous, sans grand écart ni coup de pied retourné « marque de fabrique », celui des sombres jours où la vengeance et le désespoir règnent en maître sur son visage tout bosselé de kick boxeur. Imaginez un peu : il vient de raccrocher son minable boulot de petit caïd, et sa femme trouve le moyen de se faire plomber par les triades. Qui plus est, le lendemain d'une tendre nuit coulés dans un bain à s'échanger des « on se quittera jamais jamais ». Manquerait plus que le vilain chinois s'en tire, tiens ! Badaboum, il débarque avec son pote flinguer un des sbires chinois dans un poisseux bordel pour sbires chinois, montant trois étages au ralenti pour bien faire suer tout le monde, et pose la première pierre de sa vengeance dans une belle explosion de tête au fusil à pompe. Froid et cruel, à l'instar d'une scène de torture à la perceuse complètement dénuée de sens. L'histoire articule tant bien que mal un semblant de scénario à cette leeeeeeeeente vendetta sans queue ni tête, reliant des affaire de drogue, flics ripoux, et drames familiaux avec la précision d'un bulldozer, ne se souciant même pas d'une quelconque évolution de l'intrigue. Dans de magnifiques ellipses certainement non désirées, les infos importantes transitent aux personnages principaux sans que ceux-ci se posent des questions. Tant mieux, on gagne du temps. Mais le pire dans tout ça, vraiment le pire, reste la réalisation. Désespérément cadrée en gros plan, cultivant sans vergogne les champs à personnage unique, et se délectant avec une infinie gourmandise de ralentis exaspérants. Un travail tellement ignoble que son montage relevait du miracle. C'est bien simple, il ne s'agit même pas de succession de scènes, mais plutôt d'un syndrome de « mis là où on peut ». On monte le début d'une scène de moto, sa fin, et on met tout ce qui nous reste pêle-mêle au milieu.
Paradoxalement, Jean Claude Van Damme se révèle Joker de luxe dans cette petite production très mal foutue : scénario redoutablement mal écrit, redondances de ralentis irritants, musique mièvre, scènes d'actions soporifiques, intrigue et intérêt en pâture aux requins.