9/10El Topo

/ Critique - écrit par nazonfly, le 20/04/2008
Notre verdict : 9/10 - Je vous fais un topo (Fiche technique)

Tags : topo film jodorowsky alejandro cinema tome western

Western initiatique mystico-gore, El Topo de Jodorowsky, plus connu dans le monde de la BD, est une oeuvre à part. Et à voir.

Jodorowsky. Ce nom parle immédiatement à l'amateur de BD : l'Incal, les Technopères, la Caste des Méta-Barons ou encore Juan Solo sont parmi les quelques BD qu'on croise inlassablement dans les rayons spécialisés.
Mais, ici, je ne vais pas parler des BD de ce touche-à-tout (cinéma, musique, théâtre, BD, poésie, romans, il aura vraiment embrassé l'art dans sa plus grande largeur) , mais plutôt d'un de ses films, El Topo, sorti en 1970.

Flûte alors !
Flûte alors !
L'histoire serait trop longue à décrire ici. Même en passant sur la majorité des détails, il est difficile de suivre une voie unique pour raconter El Topo, sorte de western initiatique mystico-gore. Quelle étrange définition que celle-là, me direz-vous, mais le film est réellement un mélange, plutôt heureux selon moi, de mysticisme, de western sans bien sûr qu'il ne soit limité à ça.
L'essentiel est de savoir que le spectateur suit El Topo, pistolero énigmatique. Dans un premier temps, il sera le bras armé d'un dieu vengeur; il tentera d'atteindre un état supérieur en affrontant les 4 Maîtres du Révolver; et enfin, presque en état de Saint Homme, il essayera de libérer un village de "monstres".

Un film culte

Emporté par la foule
Emporté par la foule
El Topo
est, pour un certain nombre de cinéphiles, un film culte. Ce qui est, à mon avis, largement mérité.
Passons rapidement sur les écueils d'un film tourné il y a bientôt 40 ans. Pour prendre un simple exemple, les gerbes d'un sang rouge vif ne sont pas loin de choquer un spectateur aujourd'hui habitué à une esthétique différente. Heureusement le poids des ans est bien supporté et donne un certain cachet au film.
La réussite de El Topo est clairement de mélanger un nombre de symboles important. Ainsi la scène de début voit El Topo accompagner un enfant dans le désert dans l'abandon de son enfance (avec l'enterrement de son premier jouet et de l'image de sa mère).

Le film est ainsi parsemé de symboles plus ou moins visibles, oscillant entre influences chrétiennes (comme du reste dans les Technopères par exemple), boudhistes et sûrement des dizaines d'autres que je n'ai pas identifiées. El Topo prend finalement la forme d'une quête, quête de soi pour le héros mais aussi pour le spectateur qui doit, j'imagine, découvrir de nouvelles pistes de réflexion à chaque visionnage.

Critique de la société 

Terence Hill et Bud Spencer ?
Terence Hill et Bud Spencer ?
Comme tout film culte qui se respecte, El Topo est aussi l'occasion de placer une petite critique de la société, mise en avant notamment dans la dernière partie du film où une communauté de parias tente de retrouver la société qui les a pourtant mis au ban. Cette société est, bien sûr, abominable, hypocrite, superficielle, ....

Certains pourront reprocher au film de se complaire parfois dans le voyeurisme, en mettant en scène deux femmes à l'amour naissant, en filmant des animaux éventrés ou des curés défroqués. Aujourd'hui encore, certaines scènes pourraient choquer les plus prudes d'entre nous qui auront vite fait de considérer El Topo comme un vague navet sans âme.

Heureusement, il y a, sans doute, de nombreuses façons de voir, de comprendre El Topo qui n'est pas sans rappeler le psychédélisme des années 70. Ce n'est pas pour rien que John Lennon produira du reste le film suivant de Jodowrosky. Pour la petite histoire, les droits du film ont longtemps été bloqué et seules de mauvaises copies ont circulé pendant des années.
Cette sombre histoire d'argent est aujourd'hui réglée et il est temps de (re)découvrir El Topo !