Détention secrète
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 17/01/2008 (Tags : detention film achat dvd thriller gavin hood
Dur mais finalement assez hollywoodien, la première incursion de Gavin Hood dans le cinéma américain laisse espérer une carrière intéressante à venir.
Gavin Hood, réalisateur sud-africain découvert l'an dernier grâce à son très beau film Mon nom est Tsotsi, sortira l'an prochain son premier poids lourd hollywoodien, Wolverine. Entre les deux, Hood fait la transition avec un film américain tourné en Afrique du Nord, au sujet bien rude comme il faut : le terrorisme extrême-islamiste et les débordements de ceux qui luttent contre. Les films de Noël, c'était le mois dernier.
Anwar El-Ibrahim (Omar Metwally), citoyen américain d'origine égyptienne, est secrètement arrêté et détenu par le gouvernement égyptien, qui le torture avec la bénédiction du gouvernement américain, représenté par son correspondant local Douglas Freeman (Jake Gyllenhaal), pour lui soutirer des informations sur son éventuelle complicité avec les terroristes qui viennent de faire sauter une bombe. Pendant ce temps, à New York, Mme El-Ibrahim (Reese Witherspoon) se demande où son mari est passé, d'autant plus qu'elle promène avec elle un enfant dans une main et un autre dans le ventre. L'angoisse.
Si t'es chauve, souris.Le sujet, brûlant, n'échappe ni aux clichés ni au pathos : la torture c'est pas bien, le jeune Américain chargé de la superviser a des remords, la femme éplorée est enceinte et se démène tant qu'elle peut (sur fond de violon) pour retrouver la trace de son mari... Gavin Hood (à ne pas confondre avec Robin Hood) (alors ça, c'est fait...) a déjà bien absorbé les codes du film hollywoodien.
Pourtant, l'intérêt de Détention secrète est à chercher au-delà de cet exercice de style, au-delà même de son discours louable mais simpliste. Hood a le goût de la complexité cachée, il dissimule dans la structure narrative du film une astuce qui ne se révèlera que vers la fin ; on peut d'ailleurs douter de l'utilité d'une telle astuce, en-dehors de la gymnastique mentale qu'elle suppose de la part du spectateur qui la reçoit (et la comprend) dans les dernières minutes. Mais la perversité du réalisateur ne s'arrête pas là : aux commandes d'un film dont les vedettes apparentes sont Jake Gyllenhaal et Reese Witherspoon, il s'ingénie à ne faire d'eux que des pantins à l'attitude plutôt molle, s'effaçant finalement au profit de seconds rôles comme Peter Sarsgaard, Meryl Streep, Alan Arkin ou Yigal Naor en tortionnaire, dont les personnages aux actions plus ambiguës et complexes suscitent logiquement plus d'intérêt.
Héritant d'un film grave, dur et en même temps peu complexe, Gavin Hood tire son épingle du jeu en jouant sur une réalisation en forme de faux-semblants. Pas suffisant pour en faire un grand film, mais assez pour montrer que le monsieur réserve probablement des surprises pour peu que les scénarios qu'il traite à l'avenir aient l'étoffe nécessaire.