Dérapages incontrôlés
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 03/11/2002 (Tags : film derapages incontroles roger michell gipson critique
Les auteurs tenaient un bon titre pour film à grosses caisses rempli de vroom vroom à tout va. Mais point de course poursuite haletante sur goudron et autres. Roger Michell, réalisateur déjà auteur du Coup De Foudre A Notting Hill, scotche les mots Dérapages Incontrôlés, sur une sorte de drame humain, un pied dans la réflexion psychologique, un autre dans la comédie un peu noire.
Gavin Banek (Ben Affleck), jeune avocat empêtré dans une grosse affaire, provoque une collision mineure avec Doyle Gipson (Samuel L. Jackson). Pressé par le temps, Gavin refuse d'établir un constat et quitte précipitamment le lieu de l'accident, oubliant un dossier de la plus haute importance entre les mains de Doyle. Ce dernier arrive en retard lui aussi au tribunal, et ne peut présenter ses arguments pour la garde de ses fils. Devant les prières de Gavin, qui veut à tout prix récupérer son dossier, Doyle entre dans l'engrenage de la vengeance...
Un dérapage incontrôlé selon Michell, ce sont les conséquences imprévues et hostiles qu'entraîne un acte déloyal. Jackson et Affleck vont donc jouer un peu au chat et à la souris, sortant tour à tour les pires attaques pour se venger mutuellement. Tout du moins, c'est ce qu'annonçait la bande-annonce, la réalité étant un poil différente. En fait, Michell s'intéresse plutôt à l'environnement perturbé des personnages : Gavin prend conscience du milieu pourri dans lequel il se trouve, alors que Doyle collectionne les pires coups de malchance qu'un père puisse cauchemarder. Là où on attendait une comédie noire, on arrive plutôt dans la catégorie drame. Pas un mauvais drame, certes, mais les défauts restent cependant nombreux. En premier lieu, le réalisateur porte sa caméra mollement, comme un spectateur amateur qui serait sur les lieux par inadvertance. C'est pas souvent très clair, mais ça passe. Vient le scénario, assez décousu, qui enchaîne ces éléments sans véritablement les structurer. Conséquence directe, le film se vautre dans des longueurs redoutables, donnant à un film de 1 h 35 l'aspect d'une séance de deux monstrueuses heures. Pour finir, si Jackson se tire comme d'habitude très bien de son personnage, Affleck remonte un peu à la barre pour atteindre un niveau moyen, voire même correct.
Oscillant entre comédie noire et drame psychologique, Dérapages Incontrôlés souffre d'un évident manque de structure dans son récit, qui en devient long et un peu confus. Néanmoins, l'idée reste intéressante, et voir Ben Affleck et Samuel L. Jackson se déchirer à coups de crasses apporte une certaine satisfaction.