7/10Comme une image

/ Critique - écrit par Kassad, le 05/10/2004
Notre verdict : 7/10 - Pas vraiment sage (Fiche technique)

Tags : film jaoui image agnes comme pierre cinema

Comme une image est une arme de précision massive. Chaque mot fait mouche, chaque réplique claque et ça déménage sévère à tous les étages. Les dommages collatéraux sont minimes. Bref le dernier "JaBac" (coopération entre Jaoui et Bacri pour ceux qui ne parlerait pas courament le parisiano-branchouille) est plutôt une réussite d'un cinéma "à la française" où ce ne sont pas les poursuites automobiles et les effets spéciaux qui prennent le pas sur la finesse du scénario.

Comme une image est le croisement de plusieurs vies autour d'un romancier misanthrope et autiste : Etienne Cassard. A la fois trou noir qui aspire tout autour de lui, véritable vampire social, mais en même temps complétement insensible et inatteignable. C'est sa fille, Lolita, qui subit cette indifférence avec le plus de mal. Lolita est mal dans sa peau, en pleine crise d'adolescence elle ne s'accepte pas. Ils vont croiser l'itinéraire de Pierre Miller un écrivain lui aussi en mal de reconnaissance et de Sylvia sa femme qui est professeur de chant...

Tout le sel de ce type de film réside dans les dialogues et la subtilités des compositions d'acteurs. En l'occurrence Comme une image est de ce point de vue une réussite. Bacri y joue son Bacri, c'est à dire un personnage puant, orgueilleux et insensible tout en étant hilarant. Mais c'est du bon Bacri, donc avis aux amateurs comme à ceux qui ne le supportent pas ! La perfomance de Marilou Berry est exceptionnelle et son interprétation d'une adolescente au physique ingrat est remarquable de sensibilité et de finesse. Une jeune actrice à suivre à n'en pas douter.

Une des caractérisitiques de ce genre de production est qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'une "histoire" avec une tension dramatique énorme. L'histoire d'amour entre Lolita et Sébastien joue certe le rôle de moteur et fournit un squelette au film mais j'ai plus eu l'impression que j'assistai à une tranche de vie. J'imaginais pendant la projection qu'une caméra s'était approchée des personnages pour s'en aller comme une comête qui croiserait la terre avant de repartir dans l'espace. Il n'y a pas vraiment de conclusion, tout juste le constat qu'entre la vie rêvée et la réalité, les aspirations et les renoncements il y a un fossé infranchissable. Je dois avouer que cela donne un petit côté "instants volés" qui n'est pas déplaisant.

Cependant une des limites de ce film est la mysandrie constante qui s'en dégage. Je ne sais pas si c'est par ce que je suis un homme mais ce parti pris m'a un peu freiné dans mon appréciation du film. En effet les personnages masculins sont tous, à l'exception de sébastien (mais son rôle est vraiment trop linéaire pour être significatif, à la limite il est l'alibi), plutôt grossiers veules et insensibles. A l'opposé se trouvent des personnages féminins, avec Jaoui qui ne résiste toujours pas à son péché mignon : se donner le beau rôle, qui s'ils ne sont pas parfaits font au moins montre d'une certaine prise de conscience qui fait défaut aux mâles. Bref les mecs sont d'indécrotables débiles et on se demande bien ce que les femmes font avec eux...