6/10Le choc des Titans - 2010

/ Critique - écrit par Nicolas, le 12/04/2010
Notre verdict : 6/10 - Caprices des Dieux (Fiche technique)

Le titre ne mentira pas : Persée donne du coup d'épée au moindre petit bout de Titan qui traîne. C'est pas la joie intellectuelle, mais au moins, on en prend plein les yeux.

Sam Worthington (Avatar) doit attirer les Titans. S'il peut aujourd'hui partir tabasser Zeus et ses créatures, c'est bien grâce au Titan du cinéma qu'est James Cameron. Le réalisateur a mis le pied à l'étrier à ce comédien australien, qui croule maintenant sous les projets. Et ceci, après avoir déjà bouclé trois blockbusters considérables. Sa belle tronche saura-t-elle effacer ses carences d'acteur, assez visibles pour le moment ? L'avenir nous le dira, mais l'homme est déjà bien à l'abri du besoin. Reste à obtenir la reconnaissance...


Les Dieux sont en pétard, et pour cause, les humains commencent à se révolter contre l'insupportable arrogance et l'éternel égoïsme dont font preuve leurs divins protecteurs. Ils ont même scié les pieds de la grande statue de Zeus pour la basculer dans l'océan, de vrais rebelles. Zeus craque alors son slip : il envoie Hadès déclarer au royaume d'Argos que si la princesse Andromède, la plus mignonne du coin, n'est pas sacrifiée en hommage aux Dieux dans les dix jours, il envoie le Kraken péter sa gueule à tout le monde. Mais un demi-dieu, Persée, va se dresser...
Les ambitions demeurent, avec les bons et mauvais côtés qu'elles impliquent, même après tout ce temps. Le film de 1981 gagnait son statut de film culte grâce aux efforts de Ray Harryhausen aux effets spéciaux, à la limite de l'obsolètisme en son temps ; son cousin de 2010 affiche les mêmes prétentions, à ceci près qu'il signe des chèques de millions de dollars au département numérique pour avoir quelque chose à montrer. Avec le temps, nous sommes blasés des prouesses informatiques dont sont maintenant capables les cinéastes. Pourtant, nous n'attendons qu'une seule chose : que le Kraken pose ses grosses tentacules sur la cité d'Argos. Le reste ne sera que broutilles, et le pire dans tout ça, c'est qu'il ne s'agit pas d'une minimisation. Le scénario ne vaut rien. Vraiment rien, il a même été un peu simplifié par rapport à sa version de 1981 : Persée défonce du monstre gigantesque avec ses potes pendant un peu moins de deux heures, avant d'aller occire le Kraken. Le titre d'un film n'a jamais été aussi explicite, c'est un choc, avec des titans, point barre. Nous ne sommes pas dans « les doutes et les espoirs de Persée face au monde et sa relation avec l'engeance divine », non. C'est de la testostérone, du sang, de la sueur, de la flèche dans l'abdomen, du soldat qui crève tous les deux minutes, et de la jupette (celle des mecs, les vrais, ceux qui viennent de Grèce).
L'histoire a tellement été formatée et mal pensée que le film affiche un degré zéro en émotion. Il y a des pointes d'humour, d'amour, de danger, de drame, mais pourtant rien ne transparait, rien ne nous atteint. On se fiche de tout, on ne croit à rien, et on ne doute pas un seul instant, pas une seule minuscule microseconde, que Persée va remplir sa mission avec les honneurs. D'ailleurs, ce même Persée est un peu notre reflet intra-film. Les évènements le touchent, ils sont parfois dramatiques, mais pourtant ses réactions semblent être constamment étouffées. Persée ne ressent pas grand chose, comme nous, mais peut-être est-ce dû à l'acteur ? Si Sam Worthington parvient sans mal à se détacher de son cher Jake Sully, sa composition est loin d'être divine. Un comble lorsque l'on s'aperçoit que la réflexion s‘applique tout aussi bien à Liam Neeson (Zeus), pas franchement sex dans son armure d'argent qui brille façon Twilight, et à Ralph Fiennes (Hadès) qui semble être plus proche de Judas que d'un quelconque Dieu de l'Olympe. Il n'y a bien que la tronche si caractéristique de Mads Mikkelsen, et son talent, pour offrir une belle pincée de crédibilité dans l'interprétation.

Trente ans après, le constat est le même : Le Choc des Titans est un film qui souhaite avoir de la tronche, qui carbure pas mal à l'effet visuel, et qui se révèle du coup assez divertissant. Louis Leterrier sait y faire, incontestablement. Les codes d'Hollywood ont bien été assimilés, jusqu'à cette fameuse règle qui veut que plus un combat est illisible, plus il sera considéré comme artistique. En contrepartie, aucune émotion n'en transpire, aucun soubresaut de surprise, et le scénario s'absente au profit de ce clash très, très primaire.