Appelez-moi Dave
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 20/08/2008 (Tags : dave murphy meet eddie century film fox
Eddie Murphy enfonce un nouveau clou dans son cercueil, et s'entraîne pour le remake de L'homme qui rétrécit, prévu en 2010. Un spectacle désolant, que seuls quelques voisins rigolards pourront sauver.
On se souvient qu'Eddie Murphy, après avoir été un héros comique des années 80, a sombré au cours des années 90 dans la comédie "familiale", souvent à base de remake ou de suite, dans laquelle il se plaît à interpréter de multiples rôles pour la plus grande joie des Razzie Awards. L'an dernier, pour Norbit, il fut ainsi couronné du Razzie du pire acteur, du pire acteur secondaire ET de la pire actrice secondaire. Difficile de renouveler l'exploit pour Appelez-moi Dave, où il ne joue "que" deux rôles ; mais le film garde ses chances pour le prix du pire film, celui du pire scénario et celui du pire gamin-blondinet-qui-sauve-le-monde.
Catapultés chez nous à bord d'un vaisseau de taille et d'apparence humaine (Eddie Murphy), les tout petits habitants de la planète Nul (déjà) ont pour mission de
Le scénariste nous raconte : "Et là je me
suis dit qu'il allait essayer un soutien-gorge,
et qu'on allait bien se marrer."siphonner toute l'eau de notre belle Terre pour l'emmener chez eux. Le capitaine, sobrement appelé n°1 (Eddie Murphy), est assisté d'un équipage à la Star Trek composé de la ravissante n°3 (Gabrielle Union), du sévère n°2 (Ed Helms), du rigolo n°17 (Kevin Hart)... Enfin vous voyez le topo, on ne se casse pas le bol sur les patronymes. Le vaisseau, en revanche, est obligé de se faire passer pour un humain afin de retrouver l'orbe qui lui permettra de trimballer notre eau ; c'est donc sous le nom de Dave Ming-Cheng (soupir) qu'il sympathisera avec une veuve mignonne à croquer (Elizabeth Banks) et son môme de huit ans gentil à baffer (Austyn Myers).
Le sujet, on s'en doute, est essentiellement un véhicule (un peu comme le héros du film) transportant un échantillonnage de tout ce qu'on est en droit d'attendre d'un film d'Eddie Murphy : des grimaces (de loin la partie la plus réussie et la plus drôle), des tartines de bons sentiments et d'anthropocentrisme écœurants, de l'humour pipi-caca flattant les plus bas instincts du public que l'on suppose âgé de moins de sept ans, et un étalage d'effets spéciaux à moitié réussis (une séquence sur deux en moyenne) balancés à la face du spectateur sans réel enthousiasme. Les gags, basés pour la plupart sur le principe de la répétition ou du quiproquo (voire les deux, pour maximiser la lourdeur) ont tous été achetés en solde dans un bac à gags d'occasion (ahah, Eddie Murphy qui boit du ketchup ! Oooh, Eddie Murphy qui stoppe le braquage d'un drugstore avec ses
Pour jouer au basket,
il vaut mieux être granddoigts ! Héhé, Eddie Murphy qui mange 78 hot-dogs), et ne font pas justice à un acteur qui a oublié depuis longtemps qu'il était meilleur en trouble-fête dans les polars qu'en vedette paresseuse dans les comédies mal écrites.
Le scénario est tout simplement une insulte à l'intelligence, recyclant un tas de vieux poncifs pour arriver péniblement à un final bâclé qui ne résout que la moitié des enjeux dramatiques (le film en compte quatre, faites le calcul), et promettant au spectateur terrifié la perspective dramatique d'un Retour d'appelez-moi Dave. En attendant, on se bouffera les doigts à l'idée que les effets spéciaux constituent pour Eddie Murphy la répétition générale de L'homme qui rétrécit, un classique de la science-fiction métaphysique qu'il est bien capable de transformer en lourdinguerie scatologique. Mais on continue d'espérer, de même qu'on veut croire à un Flic de Beverly Hills 4...