L'affaire Pélican
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 20/01/2005 (
Etudiante en droit, Darby Shaw s'intéresse de près à une bien curieuse affaire de meurtres, qui plonge à la fois les médias et les autorités dans l'incompréhension la plus totale : l'assassinat simultané de deux des neuf juges à la Cour Suprême des Etats-Unis. L'apprentie juriste est aussitôt persuadée de l'implication de la Maison Blanche. Ses premières investigations tendant à avérer cette hypothèse, elle fomente son propre rapport d'enquête et fait part de ses conclusions à ses proches. Elle y accuse ouvertement le tout premier homme des Etats-Unis d'avoir commandité ces deux homicides à des fins strictement personnelles.
Peu après avoir librement formulé ses griefs envers d'aussi hautes instances, elle devient, comme par enchantement, la cible privilégiée d'une poignée de chasseurs de primes, n'ayant d'yeux que pour elle.
Réalisé par Alan J. Pakula, à qui l'on doit une poignée de thrillers notoires tels Les Hommes du Président, A cause d'un assassinat ou bien encore Ennemis rapprochés, l'Affaire Pélican se veut une adaptation fidèle d'un des nombreux best sellers de John Grisham, auteur à succès de l'Associé, le Client et la Firme. Les premiers rôles ont été attribués à des acteurs exercés de tout premier ordre, à savoir Julia Roberts et Denzel Washington. Tous deux prouvent ici-bas qu'ils n'ont pas usurpé leur notoriété, distillant à l'occasion de ce film de brillantes compositions d'acteurs. Ce qui, du reste, tend à porter préjudice à la poignée de seconds rôles qui n'interviennent que par endroits. Il faut également saluer la qualité des scènes d'action, dont le réalisme effraie parfois. Globalement, la réalisation est extrêmement soignée, dans la mesure où elle véhicule de vraies sensations.
Le réalisateur a cependant commis l'erreur de privilégier les apparitions à l'image de ses deux têtes d'affiche, au détriment de cette intrigue policière, qui se trouve pourtant être la raison de vivre du film. Lorsque les tous premiers éléments de cette Affaire Pélican nous sont dévoilés, la situation est assez rapidement confuse. Pour cette raison, les auteurs ont pris soin d'inclure une séquence, dite "explicative", de manière à nous présenter ce que l'affaire comporte et les diverses instances qu'elle implique réellement. Seulement, cette courte séance de rattrapage lève le voile sur une telle quantité d'éléments clés du scénario que plus aucun mystère ne demeure à son issue. La suite du film, autrement dit les trois quarts du film, ne consiste donc plus qu'en une suite logique d'évènements parfaitement orientés et qui se révèlent tous sans grande importance, puisque affreusement prévisibles. Le caractère linéaire du film est accentué par l'absence totale d'ironie et de véritables personnalités. Certaines scènes, visiblement capitales, paraissent avoir été quelque peu éludées, tandis que d'autres, moins significatives, s'étendent sans raison apparente. Si bien que par moments, on en oublie que les personnages sont en fuite et que leurs vies ne tiennent parfois qu'à un fil.
Malgré leurs excellentes performances, il aurait été sage de ne pas engager de telles vedettes pour une telle intrigue. La présence de Julia Roberts constitue l'argument commercial phare de ce film mais elle ne lui était pas si indispensable. Les détails de l'enquête moisissent au second plan et les seconds rôles n'ont pratiquement pas été exploités. On comprend par ailleurs l'essentiel du film en un laps de temps très court, ce qui se révèle particulièrement frustrant à l'entame de sa deuxième heure. Ce thriller repose de manière abusive sur ce qui a déjà été réalisé en la matière. Tant pis.