15 minutes
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 14/09/2003 (Tags : minutes test auto stress ligne etude with
De l'énorme caisse de buddy-movies qu'un revendeur de vidéos pourrait avoir, 15 Minutes aurait de quoi se démarquer. Volontaire écart par rapport aux idées pré-conçues du genre, narration séparée par plusieurs styles filmiques, thématique de l'impact de l'image véhiculée par les médias ouvertement présentée, etc. On croirait presque ne pas avoir affaire à un buddy-movie, tiens. Si ce n'est la présence de deux flics obligés de collaborer en dépit de leurs aspirations incompatibles...
A la suite d'un incendie criminel ayant apparemment causé la mort de deux personnes, Eddie Flemming (Robert De Niro), policier surmédiatisé, doit collaborer avec le sceptique Jordy Warsaw (Edward Burns) de la brigade criminelle du corps des pompiers. Malgré leurs opinions très différentes sur le pouvoir des médias et l'attention qu'ils doivent y attribuer, les deux hommes parviennent à faire équipe et à remonter doucement la piste des suspects. Ces derniers, originaires des pays de l'Europe de l'Est, échafaudent progressivement un plan peu commun : se servir de la logique du spectacle télévisuel pour se sortir blanchis et célèbres...
On pourra sans problème affirmer que s'il y a bien un genre auquel Robert de Niro est habitué, c'est bien celui du buddy-movie. Pour sa réplique, Edward Burns, visiblement peu à l'aise dans les culottes de son personnage de pompier/enquêteur heurté aux médias et à leur incommensurable soif du scoop, et c'est dit d'entrée. Face à Robert, Edward n'a que peu de place pour espérer brûler les planches. Et c'est avec un « mouaif » - dédaigneux comme seul un « mouaif » pourrait l'être - que l'on subit la première heure très conventionnelle, où deux flics pas vraiment accordés remontent un tas de pistes pour trouver deux timbrés de criminels pourtant pas super futes-futes. Mais sous-estimer 15 Minutes serait assurément un tort, même si le film est loin d'être inoubliable. Notamment par un ou deux rebondissements plutôt inattendus qui ont le mérite de relancer l'intérêt au moment où il devenait bien bas, ce qui ne suffit néanmoins pas à crédibiliser, d'une part son dénouement, et d'autre part le message qu'il souhaite passer. Critique du système judiciaire américain, pleine de « warp zones » juridiques, par lesquelles n'importe quel condamné peut s'acquitter de sa faute en trois-quatre astuces combinées ? Ou le pouvoir à double tranchant de la médiatisation, objet de fascination qui ferait passer des assassins pour des victimes. ? Mal amené, le dénouement en devient assez peu crédible et risible.
Un buddy-movie se détachant du lot commun par un scénario assez bien imaginé, mais finalement ni assez crédible, ni assez intéressant en dépit de la profondeur dont il aurait souhaité se doter. Pour les fans de Robert de Niro, leur héros ne leur fera pas faux-bond, encastré dans son costume de flic comme il le maîtrise si bien ; à l'inverse d'un Edward Burns pas franchement terrible.