7/10Zim and co

/ Critique - écrit par iscarioth, le 02/09/2006
Notre verdict : 7/10 - Zzzziiiiiimmmm (bruit d'un scooter passant à toute allure) (Fiche technique)

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Zzzziiiiiimmmm (bruit d'un scooter passant à toute allure)

La banlieue, c'est un sujet casse-gueule, surtout pour un film. Dans le domaine, ont déjà été réalisés plusieurs oeuvres. On a bien sûr l'indétrônable référence, La Haine de Mathieu Kassovitz. A l'extrême opposé, suintant la démagogie et l'incitation à la violence, le très mauvais Ma 6-T va cracker. Côté comédie, on se rappelle bien évidemment tout de suite l'emblématique Le ciel, les oiseaux et ta mère. Dernièrement, on a pu voir le très récompensé L'esquive, qui misait tout sur la fausse impression d'improvisation, l'effet documentaire. Zim and co, c'est un peu un compromis entre ces deux dernières références. La comédie et la volonté de réalisme. Curieux mélange... qui prend tout de même plutôt bien !

Zim and co raconte l'histoire de Zim, un jeune homme de vingt ans qui doit trouver du travail pour faire bonne figure devant le juge et éviter la prison, pour une bête histoire de délit de fuite. Mais, problème, pour décrocher un boulot, il faut une voiture, et pour se payer une voiture, il faut de l'argent, et pour avoir de l'argent il faut travailler. Le cercle vicieux, comme on dit, un cercle dans lequel sont pris bien des jeunes. Voilà pourquoi, malgré ses petits airs de comédie, Zim and co est pertinent : le film soulève des problème qui touchent les jeunes et représente bien les problèmes d'identité et de survie de la jeune génération. Zim et ses deux copains Cheb et Arthur, ont vingt ans. C'est la France black-blanc-beur dans toute sa dimension emblématique. Les trois personnages principaux du film insistent d'ailleurs sur cet aspect, en jouant les faux racistes et en s'interpellant sur leurs origines. Zim and co se place du côté des jeunes, en nous montrant à quel point la jeune génération est incomprise par l'ancienne et broyée par les rouages d'un système qui ne prend pas en compte l'individu. Zim, pour survivre dans un monde d'adulte où il faut respecter les règles, va tomber dans un véritable paradoxe. Pour s'en sortir et se conformer à la société, il va finalement être contraint à user de l'illégalité.

Zim and co est un film français comme on en voit peu. Ce n'est pas une comédie bien grasse et théâtralement orchestrée comme on a l'habitude d'en voir depuis les Bronzés, film fondateur mais au modèle depuis longtemps sclérosé. Chose rare, Zim and co présente des personnages stéréotypés sans donner l'impression de la surenchère et du ridicule. Les cas de figure restent pertinents, même s'ils font sourire. La comédie est légère, digeste. La chose est surtout provoquée par le fait que Zim and co a été réalisé de manière très épuré, avec volontairement peu de moyen. Quatre acteurs principaux très jeunes, mais formés et se destinant à devenir professionnels, quarante acteurs, quarante lieux (tournage en décor naturel dans Paris) et seulement huit semaines de tournage ! Le film a été réalisé caméra à l'épaule, le montage a été particulièrement réussi. Coté acteur, mention spéciale à Adrien Jolivet, le fils du réalisateur, qui impose déjà tout jeune son charisme et sa fraîcheur à l'écran. Ce qui peut déplaire, dans Zim and co (car il faut bien des points négatifs), c'est le coté léger et optimiste. Le film fait l'éloge de l'amitié, de l'humanité, de la fraternité. A force de débrouillardise, les choses finissent par s'arranger et rien ne tourne jamais au vinaigre.

La banlieue, dans Zim and co, c'est donc plus un cadre qu'un sujet. Les thèmes majeurs du film sont l'entraide, la débrouille, et surtout les problèmes qui se posent aux jeunes. Une bonne comédie, rafraîchissante, bien plus fine et légère que celles qu'on nous habitue à voir.