World Trade Center
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 21/09/2006 (Tags : world trade center york tours tour wtc
World daube center
Un film de ce type sur les attentats du World Trade Center était attendu mais jamais on n'aurait pensé qu'il pouvait être l'oeuvre d'Oliver Stone. Ce type, c'est le sentimentalisme, la religion et le patriotisme ; tout ce bon américanisme qui fait fuir les Européens à grandes enjambées. Et comme ce qu'on fait les personnes lors de l'effondrement des tours jumelles, sauvons-nous vite.
Tout d'abord, le parti pris du film est contestable puisque le réalisateur a choisi comme base l'intimité et non l'universalité, pourtant caractéristique de cet événement. World Trade Center suit ce qu'ont vécu deux policiers coincés sous les débris des Twins qui s'en sont finalement sortis. Alors va pour cette histoire de survivants de l'extrême mais pas pour les pleurnicheries et les souvenirs familiaux. C'est sans parler de l'ex-marine touché par la Grâce qui va se présenter secouriste puis futur soldat en Irak. Là, c'est carrément pitoyable.
World Trade Center commençait pourtant bien, comme une journée banale avant qu'un grave incident vienne toucher les Twin Towers, que l'ampleur de la situation soit petit à petit aperçu et que la panique se généralise. Les équipes de policiers et de secouristes sont réquisitionnées et entrent dans un bâtiment en proie au chaos qui va finalement s'effondrer. Voilà le moment parfait pour effectuer une comparaison entre cet événement et la qualité du film. C'est le début de la fin. Dommage, la reconstitution était bonne : sobre, efficace, réaliste, prenante et au rendu sonore excellent.
Malheureusement, la suite n'aura aucun rapport avec les premières minutes et s'approche du néant cinématographique où le bon sentimentalisme, les valeurs familiales et la voie divine se manifestent avec la finesse d'un char d'assaut. L'émotion est totalement gâchée par sa lourdeur et son traitement. Même la situation vécue par les policiers n'intéresse jamais, trop peu appropriée et trépidante pour séduire, alors que bien traité, ce genre est souvent captivant (comme dans La mort suspendue). Mais les flashbacks des bons moments vécus, l'attente larmoyante des femmes et des enfants, les petites déclarations des policiers et surtout l'apparition de Jésus tuent le film. La seule présence de cette figure chrétienne démontre ce qu'est le film : une vaste fumisterie, surtout que le policier a bien précisé qu'il ne lui était absolument pas apparu. En plus, quand on rajoute ce fameux ex-marine auquel Dieu a parlé (quelle sale tête il a d'ailleurs), World Trade Center touche le fond, voire touche le Ground Zero pour être un peu cynique.
Le 11 septembre a vraiment été un énorme choc chez beaucoup d'individus et Oliver Stone n'a pas échappé à cet état de fait puisqu'il a carrément viré de bord en signant un film ultra américain où se mélangent sentiments familiaux exacerbés, héros des temps modernes et présence divine. Malgré un bon démarrage, le résultat est sans rythme, beaucoup trop long et surtout aussi inintéressant que surfait. Un bon monteur en aurait coupé les trois quarts. Et la prochaine étape, c'est quoi ? Un projet sur le créationnisme ?