6.5/10Vol 93

/ Critique - écrit par weirdkorn, le 13/07/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Une note pas volée (Fiche technique)

Tags : vol film avion passagers paul united memorial

Hollywood n'a pas attendu longtemps avant de produire des films sur les attentats du 11 septembre. Même pas cinq ans après cette terrible journée, un long métrage sur ce sujet est déjà visible sur grand écran avec Vol 93, l'histoire des passagers du vol 93 de la United Airlines qui s'est écrasé au milieu de la Pennsylvanie après que les passagers aient eu vent des attentions de leurs agresseurs. Ce n'est que le début puisque toute une série de déclinaisons, dont une réalisée par Oliver Stone sur le World Trade Center, sont en cours de création.

Parler d'un sujet aussi ardent que les attaques du 11 septembre tient-il du sens des affaires ou de la passion et de l'hommage à ses victimes ? Sûrement un peu des deux tant les souvenirs et les images chocs de ce jour ont conservé leur puissance émotionnelle, comme le prouve ce film. Vol 93 joue à fond la carte de l'intensité dramatique de ce moment bien spécial, ce qui est aussi bien sa force que ses faiblesses.

Le réalisateur joue en terrain connu, tout le monde se souvenant des événements et de la destinée de cet avion ou des trois autres qui se sont écrasés ce matin là. Scénaristiquement, le travail est mâché et il ne fait que raconter les aventures de personnes mêlées à cette affaire. Tourné dans le style du docu-fiction, en plan serré et caméra à l'épaule pour un rendu incompréhensible dès que cela bouge un peu, le film veut être le plus réaliste possible et y arrive parfaitement. Avec ce type de réalisation et l'histoire du 11 septembre racontée d'une autre manière, il arrive à captiver l'attention du spectateur qui reçoit là une autre vision de ce jour noir. Le film met ainsi en exergue le travail de la sécurité aérienne, des militaires et de tout ce petit monde vivant avec un écran devant les yeux, un micro devant la bouche et débitant machinalement des paroles très techniques sur l'altitude ou la direction. La prise d'otage dans l'avion passe ainsi en second plan puisqu'elle ne se produit qu'au bout d'une heure, la première étant dédiée au boulot des contrôleurs aériens dont on ne comprend pas très bien leur fonction ni le lieu de leur travail. A force de vouloir faire réaliste, le film devient parfois confus à moins de connaître sur le bout des doigts le fonctionnement de l'espace aérien étasunien. Autre problème, cette partie semble être davantage un bouche-trou du vol 93 puisqu'on ne les revoit jamais une fois la véritable action commencée.

Concernant la partie sur la prise d'otage aérienne, forcément le point d'orgue de l'histoire, le film conserve son parti pris ultra réaliste. Tourné tout en mouvement, de très près et avec des acteurs inconnus, il donne la sensation de montrer ce qui s'est réellement passé avec des faits aussi effrayants que douloureux. Le pathos est de mise (l'inverse aurait été douteux) et l'on peut suivre pas à pas l'évolution de la situation dans ce vol, comment cela a vraiment dû se passer. Le résultat est cru et l'on peut se demander s'il n'est pas trop tôt pour sortir un film de ce type tant l'intensité vient uniquement du fait que ce soit le 11 septembre et que l'on connaisse la fin courageuse de ces passagers.

Vol 93 laisse un goût pâteux en bouche. On a l'impression que toute la puissance tient avant tout aux événements du 11 septembre et aux raisons des attentats plus qu'aux scènes du film lui-même. Ainsi, le moment le plus marquant demeure le crash de l'avion dans la tour du World Trade Center. Cette image là produira toujours de l'effet. Le film ne parait ainsi sauvé que par son traitement aussi nerveux que réaliste. Seulement, cela semble un peu facile de filmer tel quel ces événements dramatiques pour obtenir un grand film. Une meilleure cohérence scénaristique entre les deux parties distinctes aurait pu aider. Cela dit, tout le monde joue bien, on ne s'ennuie pas un instant et n'importe qui n'aurait pas été capable de réaliser un tel film...