Vinyan
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 07/10/2008 (Tags : film vinyan welz fabrice cinema films critique
2005. Un Tsunami ravage le sud de la Thaïlande. Sur une vidéo, Jeanne et Paul croient reconnaître leur fils disparu dans la catastrophe. Accrochés à ce maigre espoir, ils décident d'entrer clandestinement en Birmanie avec l'aide d'un de ces personnages douteux dont on peut tout obtenir si l'on y met le prix...
Avant-propos (!) : Il y a des films qui semblent parfois échapper à la pensée commune pour construire au sein de chaque spectateur un ressenti particulier. 2001 et sa fin qui fait mal aux yeux en est l'exemple tarte à la crème. Vinyan en fait partie : si le film, dont on peut louer les acteurs et l'audace formelle, n'a en soi n'a rien de renversant, l'expérience est en revanche des plus singulière. La vision que j'en ai tirée, la voici, plus ou moins. Peut-être la partagerez-vous. Ou pas.
2005. Un Tsunami -LE Tsunami- ravage le sud de la Thaïlande. Sur une vidéo humanitaire, Jeanne et Paul croient reconnaître leur fils disparu dans la catastrophe. Accrochés à ce maigre espoir, ils décident d'entrer clandestinement en Birmanie avec l'aide d'un de ces personnages douteux dont on peut tout obtenir si l'on y met le prix...
Dans notre monde peuplé d'âmes en peine, les Thaï nomment "Vinyan" l'esprit des morts cherchant le chemin de l'Au-Delà. Un joli titre pour un film qui, sans jamais vraiment toucher le fantastique de plein fouet, y voit résumer son essence même. A l'instar de ces morts cherchant le repos éternel, Vinyan est un film de voyageurs égarés, de personnages paumés, au sens propre comme au figuré. D'ailleurs, sont-ils seulement vivants ? A chacun d'apprécier les limites de la métaphore. Vinyan, dont le sujet s'avère finalement assez minimaliste, est avant tout un film qui se ressent. Une sorte d'escale dans la folie et la mort, hantée par un couple à la dérive recherchant la sérénité dans le bateau d'un passeur-Charron.
Il y a peu d'oeuvres à vraiment dégager un sentiment de putréfaction permanent tout en dégageant une réelle mais troublante poésie. Fabrice du Welz a réussi cette alchimie difficile. Tout du moins jusqu'à un certain point : la brièveté du film, sa réalisation souvent sèche, ne favorisent pas vraiment l'immersion complète que prédisposait la nature du film. Fascinant lorsqu'il donne dans l'expérimental, frisant l'hypnose (collective, en salle obscure) lorsqu'il s'attarde sur les errances oniriques de ses héros, Vinyan s'écorche un peu sur le terrain du film de genre plus frontal où l'on attendait paradoxalement le belge réalisateur de Calvaire. Au point de rendre presque hors de propos un dernier acte, pourtant, d'une beauté assez foudroyante, enfant difforme de Saint Ange et de Cannibal Ferox.
Le scénario n’a en soi pas grand chose d'original, Fabrice Du Welz n'est pas toujours d'une subtilité inébranlable, le tout est parfois empreint d'une certaine gratuité qui fait désordre. Reste qu'on ressort de Vinyan curieusement stone, comme déphasé par ce périple lent, étrange et inconfortable. Difficile d’en parler, pour ainsi dire.
A la réalité revenue, le film laisse échapper autant de qualités que de défauts, mais ne ment pas sur l'essentiel : autant à l'aise dans le gothique embrumé que dans le naturalisme cru, Fabrice du Welz est un réalisateur précieux. Un de ceux qui nous rappellent l’importance qu’avait, fut un temps, le cinéma fantastique européen.