Le vent se lève
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 06/09/2006 (
Pour qu'un film gagne une récompense majeure, il faut qu'il fasse pleurer. Seules quelques exceptions ont pu échapper à cette règle mais ils leur fallaient tout de même contenir leur lot de négativisme absolu et de moments douloureux. Apparemment, pour rendre hommage au genre, le jury du Festival de Cannes de 2006 a décidé de récompenser le pus digne représentant de cette catégorie : Le vent se lève.
La Palme d'or n'a en effet qu'un seul but : rendre à la fin de la séance les spectateurs plus humides qu'un poisson noyé. Drôle de comparaison, certes, mais tout est véritablement mis en oeuvre pour faire travailler les glandes lacrymales dans une fin aussi éprouvante que désespérante. Tout commençait pourtant bien avec une fresque historique sur l'essor de l'IRA et l'occupation britannique en Irlande mais le réalisateur a préféré développer dans une seconde partie le drame et l'absurdité de la situation au travers de quelques compagnons d'armes. Le pari est tout à fait louable mais pourquoi en faire autant ?
Pourquoi aller aussi passionnément dans le mélodrame ? Pourquoi venir avec ses gros sabots pour dénoncer le non-sens de cette guerre alors que sa description parle d'elle-même ? Non, il a fallu que le réalisateur en rajoute trois tonnes dans le dramatique, quitte à perdre de vue le fil directeur et ne pas se pencher suffisamment sur les affaires politiques internes, pourtant primordiales à une bonne compréhension. C'est vraiment dommage d'avoir rajouté cette couche de sanglots qui dégoulinent de mélo. Le reste est en effet impeccable et l'on ne peut rien redire sur le jeu des acteurs, le scénario et sur une mise en réalité particulièrement saisissante au milieu des coups, des insultes, des actes barbares et du magnifique bocage irlandais.
La compétition du Festival de Cannes 2006 ne devait pas être bien relevé pour que Le vent se lève l'ait emporté. On ne redira rien sur ses qualités techniques ou narratives mais était-il vraiment nécessaire d'aller aussi loin dans le mélodrame ? Pas sûr. Oui, le film peut émouvoir mais sans aucune subtilité. Il va même tellement fort dans le pathos que l'on a autant de chances de ne rien ressentir. Au final, le seul anglicisme à rester est « too much ».