9.5/10Trainspotting, petits fixes entre amis

/ Critique - écrit par nazonfly, le 16/02/2011
Notre verdict : 9.5/10 - Un film de tchou-tchouté ! (Fiche technique)

Tags : film trainspotting boyle danny vie entre mark

Choisir la vie, choisir un boulot, choisir une carrière, choisir une famille, choisir une putain de télé à la con, choisir des machines à laver, des bagnoles... ou alors prendre de l'héroïne. Voilà le seul choix de Renton, jeune Écossais au chômage entouré par une bande de potes allant du gentil débile au violent instable. Il a choisi l'héroïne par facilité. Il va s'en sortir avec difficulté.

Attention ! Film culte ! Trainspotting est LE film qui a consacré Danny Boyle comme « l'un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération » et qui a, dans le même temps, révélé au plus grand public un jeune acteur du nom d'Ewan McGregor (Star Wars - Épisode III : La revanche des Sith, Big Fish, The ghost writer). De la scène d'intro, un long monologue sur ce qu'est la vie « normale », si ce n'est la vie tout court jusqu'à la scène finale sur fond de Born slippy d'Underworld, Trainspotting est tout simplement l'un des meilleurs films des années 90.

Reprenons donc dès le début où Renton (Ewan McGregor donc) énonce tout
DR. Being a Scot
ce qui fait une vie, du boulot aux machines à laver, une vie qui apparaît forcément pitoyable et inintéressante puisque lui a choisi la non-vie, l'héroïne. Avec sa bande de potes, rien ne l'intéresse franchement plus que se défoncer à l'héroïne, boire des bières. Les uns et les autres sont des losers loin d'être magnifiques, des marginaux pour qui la drogue est une forme d'échappatoire aux carcans de la société, un moyen de ne pas suivre le droit chemin emprunté par leurs millions de concitoyens. Et ça marche franchement pour un temps, le début ferait presque croire à une liberté offerte par la drogue. Mais tout doit se payer un jour et cette liberté n'est qu'illusoire. C'est ainsi que l'héroïne va radicalement transformer la vie des cinq potes. Avec la dépendance survient la nécessité de s'approvisionner toujours plus, et les seules solutions sont le vol, le deal ou le proxénétisme. Avec les piqûres vient également le risque du sida (le film se déroule dans les années 90, en plein dans les années sida). Au final, la vie cool des drogués ne voit qu'une seule alternative : la prison ou la mort.

La réussite du film tient à deux paramètres tout simples : Danny Boyle a un talent indéniable à la fois pour brosser le portrait de ses personnages et pour trouver des idées de réalisation géniales. Le personnage principal de Renton, fils de bonne famille, joué par un Ewan McGregor au top de sa forme (meilleure révélation pour MTV, meilleur acteur pour le London Film Critics Circle), n'est pourtant pas le portrait le plus mémorable. Certes il est largement plus
DR. Les joies de l'héroïne
intéressant que le rôle d'accro au sport plutôt qu'à la drogue, Tommy ou que le spécialiste de James Bond, Sick Boy. Mais deux personnages tirent la couverture à eux : Spud et Begbie.

Spud est le type même d'ami sensible et timide, qui devient sous l'effet de l'héroïne complètement relâché et exubérant : il est le héros de deux des scènes les plus cultes de Trainspotting. Dans la première, il doit se présenter à un entretien d'embauche et doit le foirer. Un peu d'héro et le voilà volubile, surexcité et, de fait, hilarant. La deuxième est un mélange de drôlerie et de pathétique : à la suite d'un accident nocturne, on le voit se battre avec la mère de sa petite amie pour obtenir le lavage de ses draps. Le résultat ? Non, nous n'en dirons pas plus. À l'opposé du gentil et attachant Spud se trouve le personnage de Begbie, le drogué aux gens comme dit Renton en guise de présentation. Plutôt qu'un drogué aux gens, Begbie est un alcoolique violent qui n'a qu'un but : se battre encore et toujours, souvent pour des broutilles, souvent parce qu'il les a provoquées. Le genre de pote capable de vous filer un couteau dans le dos, le genre de pote à qui il ne faut jamais faire confiance et qui a trouvé, dans la bande de Renton, les pigeons idéaux.

En plus de ces personnages rudement bien dressés, Danny Boyle parvient à
DR. Une nouvelle naissance... Ou presque.
créer des scènes cultes, celles dont on se rappelle longtemps après le film, celles qui restent dans l'imaginaire du cinéphile. Il y a donc Spud et ses draps, Spud et son entretien d'embauche, le final et l'entêtante Born slippy, mais on pourrait citer le bad trip de Renton qui s'enfonce dans le sol comme on laisse glisser un cercueil au fond d'une fosse sur fond de Perfect day de Lou Reed ou encore sa tentative de sevrage dans une chambre au papier peint recouvert de trains. En réalité, nous pourrions citer ici la quasi-totalité des scènes du film, car à l'instar d'un Fight Club ou d'un Pulp Fiction, Trainspotting est tout simplement un énorme choc visuel et sonore (n'oublions pas la bande originale à base d'Iggy Pop, Blur ou New Order).

Si Petits meurtres entre amis ouvrait les portes pour Trainspotting, Trainspotting les ouvre encore plus grandes pour que Danny Boyle soit reconnu dans le monde entier, jusqu'à obtenir l'Oscar pour Slumdog millionaire.