1/10Tous à l'Ouest - Une aventure de Lucky Luke

/ Critique - écrit par riffhifi, le 10/12/2007
Notre verdict : 1/10 - Y a même plus la place de mettre une banane dans la caravane (Fiche technique)

Tags : lucky luke tous dalton film ouest aventure

Hystérique et imbécile, ce dessin animé enfonce un nouveau clou dans le cercueil de la carrière cinématographique du cow-boy solitaire. C'est le croque-mort qui va être content.

Adapté du 24ème album de Lucky Luke, La caravane (1964), Tous à l'Ouest marque le passage au grand écran de l'équipe responsable de la série animée Les nouvelles aventures de Lucky Luke, lancée en 2001. Si les voix des personnages changent de propriétaire (Lambert Wilson succède à Antoine De Caunes en Luke, François Morel à Francis Perrin en Rantanplan...), le maître de cérémonie reste Olivier Jean-Marie, artisan des studios Xilam depuis 10 ans et réalisateur de leurs séries Les zinzins de l'espace, Oggy et les cafards...

Les Dalton, au cours de leur procès à New York, trouvent le moyen de s'évader, de dévaliser une banque et de planquer leur magot avant d'être arrêtés par Lucky Luke. Celui-ci est alors sollicité par une bande de pèlerins qui doivent rallier la Californie en 80 jours avec leurs caravanes. Les Dalton sont du voyage, et comptent bien récupérer leur butin caché dans une des caravanes...

Du calme, Joe !
Du calme, Joe !
De la série Les nouvelles aventures de Lucky Luke, on retenait une volonté manifeste de renouveler le personnage et son univers, et le format de 26 minutes permettait de tolérer les excès d'agitation qui sont la marque de fabrique des personnages Xilam. Une fois arrivés aux portes du grand écran, Xilam lâche les vannes, laissant exploser une hystérie abrutissante capable de noyer tout embryon d'idée, de gag ou d'ambiance dès la première seconde du film pour ne laisser respirer le spectateur sidéré qu'à l'apparition du générique de fin. Pourtant à la tête d'une équipe de graphistes, d'animateurs et d'acteurs d'un talent incontestable, Olivier Jean-Marie brasse les compétences et les idées avec le talent d'un chef cuisinier qui vous proposerait le plat, l'entrée, le fromage, le dessert et le vin dans une seule assiette. Même si vous aimez chaque élément, vous serez bien avisé de ne pas goûter au mélange. Ici, le montage haché et la bande-son saturée de hurlements et d'une musique agréable mais incessante se font un plaisir d'annihiler le scénario, de piétiner les répliques (honteuses, il est vrai) et d'offrir comme seule source de rire les beuglements de Joe (Clovis Cornillac), une série de bruitages incongrus et une dose généreuse de violence « à la Tex Avery » (n'omettons pas les guillemets).

De la même façon qu'on pouvait s'attrister de la modernisation d'un Astérix confronté à un anachronisme pseudo-comique dans plusieurs productions récentes, on se désolera de voir, tour à tour, Rantanplan exécuter un rap navrant C'est pas Jolly-Jolly
C'est pas Jolly-Jolly
en ouverture du métrage (« on est des oufs, on est à donf, on est tous à l'Ouest »), Joe Dalton user d'un langage familier inimaginable sous la plume de Goscinny (« Donne-moi ce flingue ! Je vais te faire bouffer ton savon ! »), et une entraîneuse de saloon entonner un air totalement inapproprié (« Viens faire du radada sur mes roploplos »)... Oublions avec pudeur la course-poursuite en voiture dans un New York de 1880 illuminé de panneaux clignotants et de feux rouges. Le plus triste, au-delà de l'injure faite aux personnages, à leurs créateurs et à leurs lecteurs, est que pas un seul gag ne parvienne à faire le chemin jusqu'aux zygomatiques, dilué dans un rythme si effréné qu'il en oublie d'être efficace.

Finalement, le talent des graphistes et leur capacité à préserver quelques jolies images (ne parlons pas cependant des ajouts en 3D, ni de la fausse pub TPS Star en fin de film) sont les seuls remparts qui empêchent ce dessin animé de sombrer dans le même abîme de nullité que les Dalton de Eric et Ramzy. Mais honnêtement, mieux vaut se procurer la bande dessinée originale que d'aller exposer ses yeux et surtout ses tympans à une telle torture.