6.5/10Top Cops

/ Critique - écrit par knackimax, le 28/06/2010
Notre verdict : 6.5/10 - RoboTops (Fiche technique)

Tags : film cops cinema kevin films smith bruce

Un film fourre-tout qui ne choisit pas forcément de chemin clair. Entre hommage aux films d'action des 90's et salut irrévérencieux aux buddy movies. Le plus étonnant reste que cela fonctionne quand même pas mal. A voir pour se détendre, mais ça donne surtout envie de se refaire L'Arme Fatale.

Top Cops est le neuvième film réalisé par Kevin Smith et sorti en salles, petit événement toujours attendu par sa foule de fans qui lui sont fidèles depuis la grande découverte de Clerks (pas spécialement des Français au final). Pourtant,
dernièrement, que ce soit avec son antépénultième film Jersey Girl très mollasson et mièvre (et repris sur le concept d'un film de John Hughes intitulé She's having a Baby) ou encore  avec le sympathique Zack et Miri tournent un porno, notre petit gros préféré n'est plus au top de sa forme pour nous amuser dans ses comédies sans tabous et gorgées de n'importe quoi bien pensé. Son royaume de vulgarité réac  et de références geeks a bel et bien fini par laisser la place à du gentillet certes toujours un peu protestataire vis à vis des bonnes moeurs mais largement moins acide. Quand à Top Cops qui se veut donc le digne héritier de L'Arme Fatale si ce n'est son remplaçant, la ligne pointillée entre le buddy movie policier des années 90 et la comédie de mœurs à la Hughes justement (grande influence avouée de Mr Smith), on ne peut malheureusement que s'imaginer le pire au vu d'une bande-annonce sibylline.

Bruce Willis n'a plus besoin de démontrer son statut de mâle alpha, il nous a bel et bien prouvé qu'il pouvait interpréter tout type de flic et que le port du flingue était pour lui une seconde nature. Que ce soit coincé dans une tour dans Piège de Cristal, alcoolique bedonnant et désenchanté dans 16 Blocks, l'uniforme lui a toujours été à
ravir. Le voici affublé d'un Tracy Morgan comme contrepartie comique, lequel est connu comme grand bouffon officiel de l'Amérique moderne puisqu'il est un des acteurs récurrents du Saturday Night Live entre 1996 et 2006 et un comédien de stand-up complètement déjanté dans la série tout aussi folle qu'est 30 Rock.  Pour le coup, on ne sait plus qui est Riggs et qui est Murtaugh mais on découvre dès le départ un humour parodique assumé de ces deux très bons personnages issus de la cuisse de Shane Black. Assumer les références à toutes ces influences et ce dès le début de l'histoire met bien en place l'esprit parodique du film et permet d'apprécier le nouveau duo comique quasiment instantanément. Au bout de cinq minutes de film on a déjà bien rigolé et c'est plutôt bon signe même si le terme hommage reste un peu fort. A n'en point douter c'est bel et bien une comédie et même Bruce Willis se permet des écarts de conduite dans le cliché de son personnage qu'il maîtrise si bien depuis le temps qu'il le pratique. Pour tout vous dire son rôle de composition tient plus de la mesquinerie de Jimmy "La Tulipe" dans Mon voisin le tueur que de John McClane.

Alors que le film s'installe et qu'on apprend à accepter un peu tout ce qu'on nous donne à contrepied, on se retrouve face à des dialogues particulièrement savoureux et crus qui nous font penser pour le coup à un travail qui aurait parfaitement pu être
effectué par Kevin Smith lui-même (ce n'est pas le cas ici pour la première fois dans un film qu'il réalise), on débouche malheureusement sur un scénario moisi qui n'est qu'un prétexte à l'introduction de personnages et de situations bien inégales. Si Seann William Scott atteint, tout en restant dans un registre qu'il connait bien, des limites insoupçonnées dans le rôle de débile à tête d'imbécile, Guillermo Diaz par exemple,  que l'on connait déjà très peu à moins de se farcir toutes les séries de ces cinq dernières années où il joue en vrac un aide soignant gay (Mercy) ou un dealer de drogue au cœur tendre (Weeds), Guillermo donc ne fait pas décoller son personnage au-delà d'un cliché de méchant chicanos un peu frustrant dans un film axé comédie. Kevin Novak et Adam Brody s'en sortent un peu mieux mais sans pour autant vraiment s'imposer non plus à l'écran. Ils campent toutefois de bons faire-valoir.

En parallèle, l'ambiance patchwork s'accentue avec des musiques tirées de séries un
 peu plus années 80. Paul (Tracy) dans sa grande quête de la carte de baseball qui paiera  pour le mariage de la fille de son coéquipier Jimmy (Bruce) partagera ses états d'âme à grands coups de fucking this et de fucking that tout en confirmant une action poussée, une recette un peu trop éprouvée pour qu'elle soit efficace en soi. Et pourtant il faut avouer que l'acteur a un ton particulier et une façon de canaliser la comédie qui lui est propre, un sens de l'inattendu qui marche à merveille si on aime un peu le genre gras. Rien à redire au final quant à son rôle donc, qui vole presque la vedette à un Bruce Willis fatigué.

Le plus frustrant reste de se demander où Kevin Smith a imposé sa patte dans cette œuvre très sympa et relativement bien écrite mais qui manque cruellement de rythme
par moments et nous laisse nous ennuyer lors de scènes peu stratégiques. Mais cela reste un bon divertissement coloré qui n'a malheureusement comme résultat immédiat que de nous donner envie de regarder à nouveau les aventures de Riggs et Murtaugh. Quant au titre anglais, il reste relativement mystérieux puisqu'il exprime le choix de ne pas faire quelque chose par peur de mal le faire. Et au final il faut avouer que le titre nous ferait presque penser que Top Cops au travers de l'absence de choix clairs que ce soit sur l'époque (musique 80's / comédie d'action 90's...) ou le genre (comédie de mœurs / enquête policière / spectacle d'impro / film d'action) est effectivement un film pas vraiment réalisé qui possède une espèce de vie propre et déjantée par peur de mal faire quelque chose à fond. C'est efficace mais ça ne plaira pas à tout le monde.