6.5/10Tonnerre sous les Tropiques

/ Critique - écrit par Guillaume, le 06/10/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Trop d'air sous l'hypocrite (Fiche technique)

Tags : stiller film tonnerre sous tropiques downey robert

Pamphlet marqué et marquant contre Hollywood ? Que nenni, les critiques du système servent avant tout le propos comique mené à pas d'éléphants.

Pour permettre de relancer le tournage d'une adaptation de Tonnerre sous les Tropiques (le récit d'un vétéran de la guerre du Vietnam), un réalisateur secoue les puces de ses acteurs en les sortant de leurs cocons de fêtes, fauteuils moelleux et exigences saugrenues. Dépôt des artistes -involontairement- dans une zone à cheval sur le Laos, la Birmanie et la Thaïlande, alias le Triangle d'or pour les intimes, ou encore l'endroit où les narco-trafiquants se plaisent à faire pousser toutes sortes de choses certainement répréhensibles. 

Face à face
Tonnerre ! C'est mon topic ! (de forum ?)
Les premières minutes, sans doute les plus amusantes et les plus percutantes du film, proposent une présentation des acteurs sous forme de clips les mettant en scène. Le ton est donné, le vulgaire sera de la partie, tout comme la blague potache et facile, mais avec les moyens de la rendre aussi belle qu'une publicité commandée par Hollywood. Le gros rouge qui tache n'est pas loin... Mais assené si tôt dans la partie, il est plutôt plaisant et met en appétit.

Tonnerre sous les Tropiques est manifestement une mise en abîme... qui pousse à s'interroger sur les messages que les scénaristes, et notamment Ben Stiller ont souhaité faire passer à travers une oeuvre comique.

Tous les membres de la bande d'acteurs ont une face cachée, plus ou moins assumée. Addiction pour l'héroïne d'un Jeff Portnoy (Jack Black) peroxydé, quête d'identité de Kirk Lazarus (Robert Downey Jr.) perdu au point de faire changer la couleur de sa peau pour interpréter au mieux son nouveau rôle, Alpa Chino (Brandon Jackson), non pas membre de la camora, mais s'enflammant pour un autre homme, Kevin Sandusky (Jay Baruchel), le nerd de la bande, à la recherche de son dépucelage, Tugg Speedman (Ben Stiller), en proie à la peur de perdre son statut d'acteur renommé.

J'ai des gros bras !
J'ai des gros bras !
Une fine équipe qui dénonce indirectement la complexité du comédien, tout en se moquant de ses excès, et qui part à la dérive en se conformant tant bien que mal aux standards hollywoodiens.

Ceci sans compter, hors caméras, les luttes viscérales entre producteur, attaché de presse et réalisateur. Tom Cruise dans un rôle surprenant d'homme chauve rabaisse tout son monde à coup de paroles (de rap !?) bien senties.

Le film présente une critique facile du système hollywoodien et de ses abus en mettant en exergue ses excès les plus flagrants. Chacun en prend pour son grade, tout en conservant un côté humain méritant.

Étonnamment, ce pamphlet est recouvert d'une sauce de comique inégale mais souvent faite de noeuds énormes qui le réduit à portion congrue et lui fait perdre toute sa moelle. Il ne reste alors, pour ainsi dire, plus que nos yeux pour pleurer de rire en étant finalement assez heureux que la forêt cache si bien l'arbre, en nous évitant une analyse poussive et évidente.

On ne sait si Stiller s'est restreint par peur de sombrer dans un style plus sérieux qui ne lui conviendrait pas nécessairement, ou bien si, au contraire, la caricature est belle et bien là, mais uniquement pour servir l'humour à grands traits de clichés ? Il en résulte un salmigondis qui se regarde sans déplaisir, malgré une durée qui semble s'allonger tout au long de la bobine, et qui s'accompagnera nécessairement, surtout dans une salle comble, de fous rires répétés et compulsifs. La jauge d'humour étant régulièrement pleine, il faut bien faire sortir un peu de tout ce gras plus ou moins douteux en faisant marcher ses zygomatiques.