Tideland
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 29/06/2006 (Tags : film tideland gilliam terry jeliza rose critiques
Tideland est un long métrage complètement barré. Adapté du roman de Mitch Cullin, le dernier film de Terry Gilliam passionne, transporte, énerve et dérange. Pendant près de deux heures, le spectateur est embarqué dans une histoire incroyable. Un univers contrasté, toqué et torturé, comme presque seuls Gilliam et Burton savent en créer. L'oeuvre frôle souvent le génie et inspire parfois à l'ennui.
Avec l'utilisation de plans aussi insensés que le récit qu'il met en image, le réalisateur américain suit le personnage de Jeliza-Rose (Jodelle Ferland), une petite fille aux parents junkies (Jennifer Tilly et Jeff Bridges). La très jeune actrice, habituée à des seconds rôles dans les séries télévisées, jouit ici du rôle principal. Drôle, émouvante et mignonne, la fillette de 11 ans démontre un époustouflant talent d'interprétation. Traduisant à la perfection la curiosité, une imagination aux tendances schizophrènes et une tristesse déchirante, l'enfant mériterait presque un Oscar pour sa performance. Sans ses qualités de jeu, Tideland n'aurait aucune chance d'emporter le spectateur dans ses délires. Elle incarne magiquement le film, exhale un charme à croquer et représente à la perfection ce petit être tendre et fragile qui, malgré une vie détraquée, se cherche et se trouve dans les rêves et l'amusement.
Esthétiquement et artistiquement, Terry Gilliam nous plonge dans un monde peuplé de personnes atypiques. Un jeune homme simplet et une femme malade de taxidermie croisent un écureuil bavard et des têtes de poupées incarnées. Face à de tels ambiances et protagonistes, Tideland à de quoi en refroidir plus d'un. Les esprits les plus concrets auront beaucoup de mal à entrer dans l'égarement du réalisateur. D'autres retrouveront des soupçons d'atmosphères bizarres comme dans Brazil, Las Vegas parano ou L'Armée des douze singes. Capitale, la musique de Mychael Danna et Jeff Danna accompagne ce fantastique voyage singulier.
Les seuls reproches que le peut émettre sur ce Tideland sont sa longueur et des scènes psychologiquement malsaines assez gênantes. Difficile de tenir deux heures dans cette expédition psychanalytique tendue et constituée de saynètes qui s'enrichissent les unes et les autres. Malgré une jolie fin, une certaine lassitude apparaît dans la dernière demi heure.