7/10This is England

/ Critique - écrit par nazonfly, le 27/11/2007
Notre verdict : 7/10 - Miss Maggie is a skin (Fiche technique)

Tags : film this england festival meadows shane shaun

Les années 80. Ses looks improbables. Sa musique électronique, Soft Cell en tête. Quelques souvenirs des années 70 subsistent. Le punk n'est pas encore tout à fait mort.

Saint Fucking Georges Cross
Saint Fucking Georges Cross
L'Angleterre des années 80. Margaret Thatcher. Un chômage galopant. La Guerre des Malouines. Les skinheads.

C'est dans ce contexte historique chargé, surtout au niveau vestimentaire d'ailleurs, que se situe l'action de This Is England. Et c'est dans cette Angleterre déboussolée que vit Shaun, la douzaine d'années, mais au caractère trempé. Orphelin de père, il est la risée de tous. Tous ou presque puisqu'il va trouver SA bande de potes, de joyeux jeunes gens lookés skinhead. Tout va bien, ou presque, jusqu'au retour de prison de Combo, nationaliste, raciste mais charismatique et ami de la bande.

L'ambiguité du titre, This Is England (C'est l'Angleterre), nous montre que l'Angleterre décrite dans le film est, à la fois, celle du jeune Shane Meadows, skinhead à l'époque de Miss Maggie, mais aussi celle de ce diable de gamin, joué par Thomas Turgoose, qui campe superbement bien son personnage. This Is England est une autobiographie à deux, de deux personnes d'une vingtaine d'années d'écart. Thomas Turgoose semble porter le film sur ses épaules, et son regard, ses attitudes conviennent parfaitement au personnage qu'il joue.

Ce n'est pas le seul parallèle entre l'Angleterre des années 80 et celles des années 2000. Les passages sur la Guerre des Malouines trouvent un étrange écho dans la Guerre en Irak.

Shaun is not dead
Shaun is not dead
Mais This Is England montre aussi au spectateur la culture skinhead, bien éloignée du stéréotype largement répandu aujourd'hui : skinhead=raciste. Si les origines jamaïcaines du mouvement skinhead sont vaguement évoquées, le principal focus se fait sur la séparation du mouvement en deux branches distinctes, symbolisée ici par l'arrivée de Combo aux opinions douteuses qui provoque la scission du groupe. Et c'est toute la schizophrénie, l'absence de recul et de repères du mouvement nationaliste qui est montré ici. Un leader relié à la masse déstabilisée par des sous-fifres charismatiques. Et finalement le film engendre une nouvelle fois, des parallèles avec certains événements politiques en France ou en Suisse.

This Is England pourrait certainement être un grand film social, ce que d'ailleurs beaucoup ont ressenti. Mais on aurait aimé que le film aille plus loin, se développe un peu plus dans le temps et prenne le temps de s'approfondir sur les causes de l'apparition de ce racisme (le réalisateur semble évoquer vaguement quelques pistes sans prendre le temps). Prendre son temps, c'est ce qu'il manque vraiment au film, voulant aller trop vite à l'essentiel qui se pressent d'ailleurs dès l'apparition de Combo. This Is England n'est pas loin d'être un chef d'oeuvre, mais le spectateur reste, malgré tout et c'est dommage, un peu sur sa faim.