2.5/10Terrain miné

/ Critique - écrit par Nicolas, le 25/11/2010
Notre verdict : 2.5/10 - Terre hostile (Fiche technique)

Tags : terrain film seagal steven minefield travail monde

Steven décide de sauver la planète, à coups de pied et de poing dans la tronche des vilains dirigeants de compagnie pétrolière. Vain, mais néanmoins rigolo.

« Mon contact à Washington dit qu'on n'a pas affaire à un élève, mais qu'on a affaire au professeur. Quand l'armée monte une opération qui ne doit pas échouer, c'est à lui qu'ils font appel pour entraîner les troupes, d'accord ? C'est le genre de type qui boirait un bidon d'essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp. Ce mec-là, tu le largues au Pôle Nord, sur la banquise, avec un slip de bain pour tout vêtement, sans une brosse à dents, et demain après-midi tu le voies débarquer au bord de ta piscine avec un sourire jusqu'aux oreilles et les poches bourrées de pesos. Ce type-là est un professionnel. S'il atteint la plate-forme on sautera tous et il restera plus qu'un grand trou au beau milieu de l'Alaska. Alors on va trouver ce type, le descendre, et on sera débarrassé de ce fumier. » 

Cet extrait tiré du film, traduction mot pour mot de la version originale, trône au sommet du CV très chargé de Steven Seagal. Chaque acteur nanar en possède une. Par exemple, celle de Chuck Norris serait sans contestation possible « Je mets les pieds où je veux, Little John, et c'est souvent dans la gueule ». Et on s'apercevra en examinant sa filmographie qu'effectivement, dans chacun de ses films, il met les pieds où il veut. Et que c'est souvent dans la gueule.
Pour Steven, c'est pareil. Il s'agit toujours du professionnel qui ne rate jamais son objectif, et on aura beau le larguer sans rien au milieu de nulle part, on le retrouvera toujours au bord de la piscine du méchant pour lui casser la gueule. C'est constant, et c'est pour cela que cette phrase est très importante, puisqu'elle résume à elle seule l'ensemble des rôles qui ont fait de Steven Seagal cet icône du cinéma d'action nanardisé.

Un acteur est caché dans ce paysage fixe.
Un acteur est caché dans ce paysage fixe.
Sauf que dans Terrain Miné, Steven pousse la dynamite encore plus profond, puisqu'il réalise lui-même le film, et semble poser sa grosse patte sur le scénario - même s'il n'est pas crédité. Mais prenons les choses dans l'ordre.
D'abord, Steven joue un gars qui n'est certes pas un truand, mais pas un type blanc comme neige non plus, la preuve : il travaille pour une compagnie pétrolière. Son métier : faire péter les installations qui posent problème, le job de rêve. Seulement, la compagnie en question est dirigée par un requin évidemment sans scrupules, qui n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus sanglantes pour arriver à ses fins. Dans son ascension financière, il commet LA bourde (notez, les requins sans scrupules en formation) : il essaye de tuer Steven Seagal, qui a découvert des trucs pas nets sous la couche de pétrole. Celui-ci s'en sort avec trois éclats dans le dos, rien qui ne saurait empêcher sa vendetta : ni plus ni moins que de faire sauter toute la station pétrolière.
A la base, l'histoire est déjà bien stupide, mais recouvrez-la d'une couche d'écologie et l'on obtient un infâme nanar qui souhaite péter plus haut que ses aisselles (suffit de mettre la main d'une certaine façon et de ramener le biceps le long du corps). Pour sauver la nature et vaincre les méchants industriels arrivistes, Steven ne trouve rien de mieux que de leur casser la figure un par un pour ensuite tout faire exploser. Du vrai terrorisme à l'ancienne, qu'il défend corps et biens devant les faibles réticences de la jeune autochtone sympa. Tout faire péter est pour lui la dernière solution, celle qui fera comprendre au monde entier que les magnats du pétrole sont des enfoirés de première. Peu défendable.
Mais compréhensible. Car nous sommes devant un Steven Seagal. Le type a pratiqué pendant des années les arts martiaux, il doit maintenant montrer que cela n'était pas vain. Son honneur, il s'en cogne, mais si quelques gros bras décident de malmener le pauvre indien poivrot du coin, là il dit « non ! ». Et en quelques passes, Steven aura tôt fait de se débarrasser des malotrus, alternant les Kote Gaeshi, les Koshi Nage (les amateurs d'Aïkido se régalent), et les coups de pied un peu foireux. Quand il ne tape pas sur quelqu'un, il prépare des bombes ou fait exploser des trucs. Rien de bien cérébral, le fil conducteur ne contentera de regarder Steven se frayer un chemin jusqu'à la plate-forme et prouver à tout le monde qu'il est le professeur, et non pas l'élève.

Sauver la nature. Balle après balle.
Sauver la nature. Balle après balle.
Pour une première (et unique) réalisation, on a vu pire. Steven fait aussi bien que n'importe quel réalisateur de seconde zone, et nous pourrons donc nous économiser une critique plus précise de son travail. En tant qu'acteur, c'est exactement la même chose que d'habitude, il promène un faciès monolithique tout le long du métrage et grimace de temps en temps pour se dégourdir la mâchoire. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est qu'il se voit confronté à Michael Caine, acteur de premier plan qui montre un certain plaisir à jouer les méchants. Il est d'ailleurs remarquable de constater que sa prestation dans un tel nanar ne parvient pas à ternir le moins du monde sa très grande filmographie.
Le film s'achève sur une sorte de petit documentaire commenté par Steven Seagal, qui nous explique avec ferveur que le monde court à sa perte, à cause de notre comportement et de celui des compagnies pétrolières. Le discours enfonce des portes ouvertes, mais se montre pertinent et dénonce un certain état de faits, à ceci près qu'il est totalement inapproprié après cette centaine de minutes explosives. Steven joue des bras, fait du terrorisme, explose des trucs et des machins à tout va, et on vient nous expliquer après que la nature est en danger et qu'il faut réagir ? Comment voulez-vous que l'on rallume le cerveau en si peu de temps ? 

Terrain Miné n'aurait pu être qu'un simple nanar d'action, sa dimension écologique en fait une bizarrerie qu'il est difficile de prendre au sérieux. A voir pour les quelques répliques fumeuses du film, les deux ou trois techniques d'Aïkido utilisées, et le déconcertant discours de fin.