7/10Terminator 2 : Le jugement dernier

/ Critique - écrit par riffhifi, le 02/06/2009
Notre verdict : 7/10 - La danse des Connor (Fiche technique)

Tags : terminator film john connor cameron james sarah

Cameron et Schwarzie rempilent pour une suite consensuelle, hollywoodienne, pleine d'incohérences mais qui marque le public de l'époque par ses effets spéciaux révolutionnaires et ses séquences d'action ultra-cools.

Après un passage par deux films en « A » (Aliens et Abyss), James Cameron revient aux films en « T » pour de bon : après Terminator 2, il réalisera True Lies et Titanic. A part Piranha 2, tous les longs métrages de ce type tiennent dans deux chapitres seulement d'un index alphabétique ! Décembre 2009 marquera le retour au « A » avec Avatar... Toujours est-il que cette suite pétaradante du succès surprise de 1984 marque définitivement son époque et la filmographie de Arnold :
Arnold : "Je motorise tous les excès."
Cameron, qui a désormais les moyens d'assouvir sa folie des grandeurs.

Quelques chiffres ? Le premier Terminator a coûté 6 millions de dollars et en a rapporté une quarantaine. Le deuxième, six ans plus tard, a coûté 102 millions de dollars (dont 35 pour les effets spéciaux) et en a rapporté le double sur le seul territoire américain. On ne joue plus dans la même cour, et le film porte les stigmates de son changement de régime. D'un côté, il est impératif de conserver au maximum ce qui a fonctionné dans l'original : le scénario sera donc peu ou prou le même, avec la même musique (Brad Fiedel, qui sirupe sa composition d'accents héroïques) et le même Schwarzenegger (devenu super-méga-star entre-temps) en tête d'affiche. D'un autre côté, il convient de ne pas trop brutaliser le populo : Schwarzie revient donc en robot, mais sera gentil comme un nounours pour préserver sa nouvelle image de marque, tandis que le rôle du méchant sera confié à l'inconnu Robert Patrick ; l'optimisme est à rajouter en vastes louches dans le scénario, quitte à inonder le tout d'incohérences ; et la victime du Terminator tueur sera un gamin au lieu de la jeune fille incarnée par Linda Hamilton (laquelle revient en maman, et accessoirement en compagne de Robert Patrick :
Robert Patrick : "Face à Arnold, je me liquéfie."
James Cameron). Enfin et surtout, le spectacle devra être aussi spectaculaire que possible, et exploiter au mieux les technologies numériques qui émergent tout juste chez les cow-boys d'Industrial Light & Magic. C'est évidemment sur ce dernier point que Terminator 2 bluffe le public, donnant vie à un Terminator liquide protéiforme qui marque les esprits autant que l'attitude top cool d'un Schwarzenegger vêtu d'une veste de cuir et brandissant un fusil à pompe.

"Cool" est le maître-mot de Terminator 2. On n'a pas assez de ses dix doigts pour compter les invraisemblances du film, dispensées pour la plupart avec un sérieux papal qui donne au scénario une dimension nanar dix fois supérieure à celle de son prédécesseur, la pire étant le conflit flagrant avec la théorie de voyage dans le temps induite par le premier film : les machines voulaient changer le futur en altérant le passé, et les évènements prouvaient au contraire que tout était écrit une fois pour toutes, que passé, présent et futur étaient fixes ; or cette suite décrète soudain qu'il est possible de changer le futur, pour peu qu'on en ait envie (et que la règle hollywoodienne du happy ending l'exige). Il est donc impératif de débrancher son cerveau pour apprécier T2 comme le pur film d'action qu'il est, parsemé de scènes cultes : la baston de bar du début, qui cultive l'ambigüité aux Edward Furlong & Linda Hamilton :
Edward Furlong & Linda Hamilton :
"Tout le monde nous traite de Connors."
yeux des spectateurs ignorants du changement de statut d'Arnold (la musique Bad to the Bone joue dans ce sens), les courses-poursuites spectaculaires et explosives où Arnold recharge son arme à une main, la première confrontation entre les deux Terminators avec son clin d'œil à L'ultime razzia de Kubrick, les cours de savoir-être-humain que John dispense à un Arnold chargé « d'avoir l'air moins con »... On se divertit suffisamment pour pardonner l'aspect pontifiant de certains passages (et le sous-titre Le jugement dernier, parfaitement prétentieux avec ses implications bibliques à 1 dollar 25), et on apprécie le talent et le perfectionnisme formel de Cameron, qui fait que T2 reste aujourd'hui encore une référence pour tester un home cinema. Ça tombe bien, le Blu-ray qu'on attendait vient de sortir à 25 euros, avec la version cinéma, la version director's cut, et la version "director's cut rallongée". Les voisins vont aimer.