7/10La tentation de Jessica

/ Critique - écrit par camite, le 22/12/2003
Notre verdict : 7/10 - coup de foudre à Canary Bay (Fiche technique)

Rendez-vous arrangés ou non, Jessica Stein, brillante journaliste au New York Tribune, désespère de trouver un jour l'homme de sa vie. A 28 ans et une mère pressante derrière elle, il serait peut-être temps, mais la jeune femme est du genre exigeante. Au hasard d'une annonce, elle rencontre Helen, et ça colle méchamment. Mais Jessica a un peu peur de virer sa cuti.

Trivia

Jenifer Westfeldt et Heather Juergensen, les actrices principales du film, se sont rencontrées en 1996 à New-York lors d'un stage de théâtre. Un an plus tard, fatiguées par les rôles de nunuches décoratives qu'on leur propose sans arrêt, les deux femmes se retrouvent pour écrire une série de sketchs tournant autour du premier rendez-vous. L'un d'eux, sur la rencontre entre deux femmes, va prendre de plus en plus d'importance et deviendra une pièce de théâtre à part entière, Lipschtik.

Six représentations dans une petite salle de Broadway plus tard, la pièce a fait parler d'elle et USA Films contacte les deux auteurs en vue d'une adaptation au cinéma. Au bout de deux ans, des divergences artistiques pousseront les scénaristes à quitter le projet pour le remonter elles-mêmes. Récoltant un million de dollars auprès des amis et familles, elles tournent sous la direction du frère de leur productrice d'amie en 22 jours.

Charles Herman-Wurmfeld, dont c'est le premier long métrage, est plutôt concerné par son sujet puisqu'il s'avoue homosexuel dans le dossier de presse du film.

Sept millions de dollars récoltés au box-office US plus tard, Heather Juergensen aimerait bien poursuivre sa carrière de scénariste. Jennifer Westfeldt, quant à elle, devrait continuer à faire l'actrice.

La Tentation de Jessica a été primé aux festivals de Los Angeles et Miami en 2001. En 2002, il était présenté en compétition officielle au Festival du film américain de Deauville.

Point de vue

La Tentation de Jessica est une comédie romantique, et ça se passe à New York. Dit comme ça, ceux qui font des allergies à la guimauve seront sans doute déjà passés à autre chose, d'autant qu'aucune des grandes figures imposées du genre ne nous est épargné. La succession de prétendants plus repoussants les uns que les autres, les proches qui aimeraient précipiter un peu les choses, la rencontre, la dispute, la réconciliation...

Seulement voilà, la Jessica du titre va trouver l'homme de sa vie en la personne d'une femme. Et là, tout de suite, je vous sens déjà un peu plus attentifs, n'est-ce pas messieurs ? Coming out au programme, regard des autres, troubles identitaires... Tout cela ressemble fort à une accumulation de lieux communs et de déjà-vu (comme ils disent aux States), et pourtant le charme opère. Car finalement, La Tentation de Jessica est narrée comme une histoire d'amour avant d'être racontée comme une affaire d'homosexualité. Ce qui n'empêche pas les digressions, mais le ticket Westfeld/Juergensen (actrices ET scénaristes) et le réalisateur Charles Wurmfeld ont le bon goût de juste en rire.

Sans prétention, ce petit film se révèle charmant, drôle, rafraîchissant et même parfois original. Une certaine maturité se fait sentir derrière ce projet et lui donne son cachet assez particulier.

Alors bien sûr, certains pourront trouver ça parfaitement futile, voire très facilement oubliable, et il serait difficile de leur en vouloir. N'en reste pas moins que la complicité enthousiaste et communicative de ces deux duettistes d'actrices relève indéniablement du morceau de choix. Et puisqu'il s'agit d'humour juif new-yorkais, on ne serait guère surpris de recroiser Heather ou Jennifer au détour d'un prochain Woody Allen.