En sursis
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 23/06/2003 (Tags : sursis film peine sentence dmx emprisonnement jet
2 the grave
In a city ruled by criminals, two families have forgotten their fear of the law. But he... He will make them remember. From the producer of MatriX, Romeo Must Die. Et même chose pour En Sursis. Deux populations ethniques au premier plan pour se faire la guéguérre, Jet Li, DMX, Joel Silver en producteur, du rap, Andrzej Bartkowiak en réalisateur, et un titre VO qui ne veut absolument rien dire (Cradle 2 The Grave). Et on étoffe un peu le casting avec Mark "Catscratch" Dacascos et Kelly "Lady Deathstrike" Hu pour mieux faire passer la pilule. Voilà, la grande distribution est prête à se satisfaire des rentes d'un nouveau produit hollywoodien formaté, et qui plus est calqué presque sur mesure sur le titre précédent de Bartkowiak, Roméo doit mourir...
Tony Fait (DMX), avec la complicité de son amie Daria et de deux potes négligeables, réalise non sans mal le casse le plus ambitieux de sa carrière de petite frappe. A ceci près qu'un agent des services secrets taiwanais, Sou (Jet Li), fait foirer le plan de fuite, et que les malfrats ne récupèrent qu'un sac de pierres apparemment très précieuses. Un petit tas de cailloux très convoités, ce que Tony apprendra bien vite à ses dépens : Vanessa, sa propre fille, est enlevée par Ling (Mark Dacascos), un terroriste lui aussi taiwanais un brin susceptible, qui désire plus que tout récupérer sa caillouterie. Tony veut récupérer sa progéniture, Sou les pierres, ils doivent faire équipe...
Personne ne pourra contester l'évident lien entre Romeo doit mourir et En sursis, devant un tel rassemblement de preuves citées plus haut (et ce n'est qu'une partie). Je n'aurais pas été étonné de revoir Aaliyah dans le rôle féminin, si celle-ci avait pu répondre à l'appel. Mais ne vous inquiétez pas, Jet Li et son cortège de coups de tatanes sont là et bien là, et c'est probablement le seul attrait du film. Et quand je dis seul attrait, c'est véritablement en désespoir de cause, au vu de la pauvreté des combats. Même la scène supposée spectaculaire, un affrontement contre quinze types patibulaires concurrents pour une ultimate fighting locale, se révèle inintéressante et passablement crédible. Mais la palme revient au personnage de DMX, qui de toutes les têtes de branquignols du film est le seul à pourvoir tenir tête à Jet, si l'on exclut monsieur Dacascos. Déjà que leur relation repose sur un échange de bons procédés douteux, si en plus ils se mettent à marcher sur les murs pour éviter des clébards assoiffés de vengeance, autant faire venir Wesley Snipes, qui garantira au moins un minimum de jeu et de crédibilité. On est alors ravi de voir arriver le dénouement, décomposé en trois scènes parallèles rivalisant chacune de médiocrité : DMX qui récupère sa fille à la barbe d'un homme de main méchamment busté, un duel à mort Gabrielle Union-Kelly Hu assez amusant à regarder, et un règlement de compte Dacascos-Li au centre d'une aire entourée de flammes (quand je vous disais qu'En sursis piochait dans Romeo doit mourir).
Vous l'aurez compris, on se fiche rapidement du scénario, en laissant toute cette belle bande se tataner joyeusement pour nos beaux yeux sur fond de rap. Notons que je ne trouve pas d'autre mot que "consternant" pour qualifier le pompage évident sur Romeo doit mourir, précédent film de Bartkowiak tout aussi mauvais, mais qui reposait au moins sur une bonne idée. A noter, la présence de Julie Du Page en figurante "acheteuse française".