Strange Days
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 18/10/2003 (Tags : film bigelow kathryn strange days blu cameron
Los Angeles s'apprête à fêter, comme il se doit, le nouveau millé-millénaire. Dans la plus grande joie, les résidents s'en prennent aux voitures mal garées ou lèchent les vitrines à l'aide de projectiles divers et variés. Quant à Lenny Nero, il se débrouille tant bien que mal et dans la parfaite illégalité en vendant ses précieux mini-disques, censés contenir des extraits plus ou moins sulfureux ou répréhensibles de la vie d'autres personnes. Lenny est d'ailleurs le premier utilisateur et supporter de ce nouveau type de drogue virtuelle, parfaitement inoffensive.
Lorsqu'une jeune prostituée, traquée par deux mystérieux policiers, lui confie tant bien que mal un enregistrement à elle, Lenny est immédiatement entrainé dans les sombres méandres d'une authentique affaire d'état : le meurtre du célèbre leader pacifiste noir Jeriko One.
Interdit en salles aux moins de 16 ans, Strange Days n'a pas été un franc succès commercial. Ce qui n'empêche pas ce film d'être un exemple en terme d'anticipation cinématographique, tant sur le fond que sur la forme.
D'emblée, nous voilà projetés en pleine jungle urbaine, au coeur d'un monde qui ressemble au nôtre comme deux gouttes d'eau à ceci près que celui-ci semble vivre en direct ses derniers instants de vie. Comme toujours, il y a ceux qui ont su profiter de la situation et ceux qui n'ont pas vraiment été en mesure de le faire. Et en ce 31 décembre 1999, la foule exprime son désaccord face à un gouvernement qui est, au fil des semaines, progressivement devenu ultra-autoritaire.
Dans cette parfaite anarchie surgit une affaire de meurtre pas comme les autres, que beaucoup souhaiteraient tout bonnement voir étouffée. Un bon vieux samaritain made in USA va devoir s'interposer. Dès lors, la logique veut qu'il y ait arbitrage ou confrontation. Inutile de tergiverser : les deux partis ne passent strictement aucun accord à l'amiable au cours du film, qui fait donc la part belle à la Violence avec un grand A.
Sexe, Meutre et Vidéo par procuration sont les maîtres mots de ce film aussi sombre que lumineux. Le scénario, co-signé par James Cameron, est surprenant. La réalisation de Kathryn Bigelow est franchement irréprochable. Elle l'est même un peu trop par moments. Ce qui ne la rend pas totalement irréprochable en fin de compte. Les acteurs sont, pour leur part, exceptionnels : Ralph Fiennes, Angela Bassett et Juliette Lewis sont rapidement crédibles. L'accompagnement musical, à base de techno et de rock, était pour sa part tout à fait requis.