Starship Troopers 3 : Marauder
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 01/10/2008 (Tags : troopers starship film marauder rico johnny edward
Un direct-to-video réalisé par le scénariste de la saga : cheap et imparfait, mais largement supérieur à la première suite, le film renoue avec l'esprit satirique de la version Verhoeven.
Starship Troopers, premier du nom, est un chef-d'œuvre de SF militaire à lectures multiples ; le Hollandais Paul Verhoeven y retrouvait le scénariste Edward Neumeier dix ans après RoboCop, et adoptait à nouveau ce ton mordant et satirique qui en avait fait la réussite. Malheureusement, dans un cas comme dans l'autre, Verhoeven quitta le navire avant de toucher à la moindre suite, laissant celles-ci entre les mains du premier venu. C'est ainsi qu'en 2004, après une série animée consensuelle, un consternant Starship Troopers 2 : Héros de la Fédération fauché vit le jour en vidéo : malgré la présence au scénario de Neumeier, le film est un misérable huis-clos bourrin sans panache ni humour, qui ne reprend aucun des personnages du premier film et en occulte complètement l'esprit de dérision. Décidé à sauver la franchise, Edward Neumeier convainc les producteurs de lui confier la réalisation d'un troisième volet, avec la vedette du premier film (Casper Van Dien) et un budget supérieur à celui du deuxième (qui a inexplicablement rapporté beaucoup d'argent). Qu'on ne s'y trompe pas, le budget en question reste risible (un cinquième de celui de l'original, sans tenir compte de l'inflation qui creuserait davantage l'écart) et la diffusion du film se cantonne à nouveau au marché vidéo.
Depuis le temps, on pensait que
Casper s'était changé en fantôme.Mais le résultat mérite largement le détour, à défaut d'être une claque historique.
La guerre contre les arachnides dure depuis plus de dix ans. Johnny Rico (Casper Van Dien) est désormais colonel ; lorsqu'il retrouve son ancienne amoureuse Lola Beck (Jolene Blalock), il s'attire les foudres du fiancé de cette dernière, Dix Hauser (Boris Kodjoe). Accusé d'insubordination, il sera dans l'incapacité d'aider Lola dans sa mission de protection du leader Sky Marshall Anoke (Stephen Hogan), récemment auteur du tube It's a good day to die que tout bon patriote de la Fédération se doit de passer en boucle sur son iPod.
D'emblée, on a plutôt mal pour Edward Neumeier. Sa première réalisation est plombée d'un casting au rabais : Casper Van Dien dont la carrière n'a jamais décollé après le premier Starship Troopers, Jolene Blalock que le passage par Star Trek Enterprise n'empêche pas de ressembler à un improbable croisement d'Angelina Jolie et d'un cheval, Stephen Hogan en illuminé pseudo-charismatique, Marnette Paterson en bimbo blonde et Boris Kodjoe en Dennis Haysbert du pauvre se débattent dans une production dont les contraintes financières sautent aux yeux : les armes à feu sont en plastique et pèsent manifestement 20 grammes, les arachnides sont des images de synthèse si moches qu'on préfère nous les épargner pendant la majeure partie du film... Malgré tout, ce Marauder tient bon la rampe et atteint ses objectifs, qu'il a l'intelligence de ne pas placer au niveau du
Un film de boule ?spectacle pur mais à celui de la satire amusée. Exécutions télévisées, émergence du sentiment religieux chez les personnages, tout est traité avec un premier degré outrancier qu'il est évidemment impossible de prendre au sérieux. Dans le contexte actuel, le discours sur la guerre apparait même plus croustillant encore qu'en 1997 ; c'est à se demander pourquoi le deuxième film n'avait pas su exploiter le sujet.
Neumeier a pris exemple sur Verhoeven pour la parodie à peine voilée et le gore offensif, et parvient lui-même à fignoler quelques jolies séquences à l'esthétisme inespéré dans ce type de produit. Profitant de l'absence de contraintes liées à la censure, il introduit quelques scènes un peu gratuites pour la beauté du geste : du sang qui gicle, de la nudité, une poignée de « fuck »... Le DVD ne mérite peut-être pas une place entre Apocalypse now et 2001 l'odyssée de l'espace, mais il donne envie de voir un quatrième opus dans la même veine plutôt que dans celle du deuxième. Au rayon des suites inutiles mais sympathiques, Marauder est à Starship Troopers ce que RoboCop 2 était à son prédécesseur. On est preneur.