4.5/10RTT

/ Critique - écrit par riffhifi, le 05/01/2010
Notre verdict : 4.5/10 - RaTaTouille (Fiche technique)

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Une poignée de clichés essaimés entre le bitume de Paris et le soleil de Miami. Les acteurs ne sont pas vraiment à leur place, et l'aventure ne convainc jamais. Et Manu Payet en équivalent de Tommy Lee Jones, sérieusement...

La comédie d'aventure est un genre que le cinéma français pratique volontiers : les grandes années Belmondo ont fourni leur lot d'Homme de Rio, de Tribulations d'un Chinois en Chine, etc. Plus récemment, on s'est farci quelques pensums comme Le Boulet, farce péniblement hystérique qui ne prenait jamais le temps de croire à ses personnages. Cette fois, on écope du duo réuni par les évènements, obligé de faire équipe en raison des menottes qui unissent leur poignet... Du couple des 39 marches d'Hitchcock jusqu'aux Lanvin-Giraudeau des Spécialistes, et même au-
"Vous vous croyez encore
dans Safari, mon petit vieux !"
delà, on a déjà vu le tableau. L'intrigue aventuro-policière est doublée ici d'une couche de comédie romantique classique, avec deux-personnalités-que-tout-oppose-mais-que-la-vie-rapproche. RTT semble hésiter constamment entre ses deux composantes de base (la course-poursuite et la parade amoureuse), sans vraiment arriver à lier le tout de façon harmonieuse, crédible ou réjouissante.

Kad Merad, omniprésent ces dernières années (sans blague, 24 films en 6 ans, parmi lesquels Les choristes, Je vais bien ne t'en fais pas, Bienvenue chez les Ch'tis et Le Petit Nicolas, c'est pas du flair, franchement ?), joue le rôle d'Arthur, pignouf plaqué par sa copine et résolu à aller empêcher son mariage à Miami. De son côté, Mélanie Doutey (qui a eu le bon goût de ne pas s'enferrer dans le rôle télévisé de Clara Sheller) incarne Emilie, voleuse internationale de toiles de maître, experte en arts martiaux et opportuniste sans scrupule qui profite du sac d'Arthur pour faire passer son larcin à l'aéroport. Kad en aventurier du dimanche, Mélanie Doutey en Arsène Lupine ultra-physique ? Le casting est déjà hasardeux, sans parler de l'alchimie peu convaincante qui existe entre les deux. Mais le meilleur reste à venir : dans le rôle du chef de la sécurité chargé de retrouver le tableau avec l'aide de son escouade de gros bras, on trouve... Manu Payet. Le malheureux peut froncer des sourcils tant qu'il veut, il est aussi à l'aise dans son rôle que Pierre
Palmade le serait en Conan le Barbare (« non mais les mecs, je peux même pas soulever l'épée, on va arrêter - Mais non Pierre, pense à Manu Payet dans RTT ! »).

Mais finalement, on aurait tort de se plaindre de la distribution, puisqu'il s'agit de l'élément le plus surprenant d'un film qui se contente par ailleurs d'aligner les clichés les plus rouillés, sur fond de Floride et à l'aide de quelques chansonnettes anglophones appliquées sur la bande-son. Les dialogues sous-exploitent cruellement le potentiel comique des situations, et ne possèdent jamais la verve que l'on est en droit d'attendre de ce type de divertissement. Le spectacle n'est pas désagréable pour autant, et possède l'avantage de ne pas être un empilage de scène d'action m'as-tu-vu montées au couteau de boucher. Les paysages sont jolis, Mélanie Doutey aussi, Kad Merad est un bon bougre, et Manu Payet est... on vous l'a dit ? à la tête d'une escouade d'agents de sécurité.

En même temps, rappelons que les initiales RTT annonçaient la couleur d'emblée : Réduction du Temps de Travail. Pour les scénaristes, le réalisateur, les acteurs... à l'arrivée, le film ne pète même pas les 1h30, tout le monde l'a joué bien relax. Pour tout dire, même l'ouvreuse ne nous a pas déchiré nos billets à l'entrée.