4/10[°Rec]²

/ Critique - écrit par Lestat, le 02/01/2010
Notre verdict : 4/10 - Low Battery (Fiche technique)

Une troupe du GIGN local escorte un prêtre exorciste à la mission nébuleuse dans l'immeuble sinistré du premier opus.

« Des zombies ?? Ce sont des infectés ! ». C'est par cette citation roublarde qu'Umberto Lenzi, un tantinet ronchon, défendait son inénarrable Avion de l'Apocalypse tourné en fin d'âge d'or du cinéma populaire italien. Quelques trente ans plus tard, et oui déjà, voici que, sous la houlette Balaguero / Plaza, on pourrait faire évoluer cette belle phrase, qui muterait alors en quelque chose du genre « Des infectés ?? Ce sont des démons ! ». Rec 2, donc, où une troupe du GIGN local escorte un prêtre exorciste à la mission nébuleuse dans l'immeuble sinistré du premier opus.

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Le plan préféré de
Nazonfly !Rec 2 a deux bons points : on y revoie Manuela Velasco (débardeur fourni) et il ne s'encombre pas du message sur le voyeurisme devenu la tarte à la crème des "films à la première personne". De même, son sujet inspire la sympathie, rappelant tout à la fois Aliens et Evil Dead -on notera à ce titre l'acteur jouant le prêtre, vague sosie de Bruce Campbell-, voire, pourquoi pas, Démons 2. Ce qui, hasard amusant, nous ramène à l'Italie des années 80.

« -Où es-tu ?
- Dans la chatte à ta mère ! »

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Dans l'escalier, personne ne vous entendra crier...
Le premier Rec évoquait une mise en image officieuse de Resident Evil. En adoptant un propos délibérément plus musclé et explicitement ésotérique, c'est assez logiquement que sa suite prend des airs de fausse adaptation de Fear ou de Doom 3. Tout du moins, sur le papier. Bien que privilégiant l'action à l'horreur pure, ce qui n'est pas un défaut en soi, le tandem Balaguero / Plaza échoue à recréer le côté hystérique -mais lisible- du premier opus, pour sacrifier à la mode de la caméra-parkinson. Ce dynamisme artificiel, associé à la voix atone de notre caméraman attitré, font partir frissons comme efficacité avec l'eau du bain, réduisant les attaques des infect... pardon, des démons, à une régulière succession de jump-scare paresseux. Plus grave encore, si Rec 2 parvient à intéresser un minimum par la caractérisation des militaires, l'irréparable est commis avec l'irruption de trois gamins tête à claque, qui, un malheur n'arrivant jamais seul, serviront à leur tour de narrateur pour un deuxième round en forme de contrechamp foireux.

Pourtant, quelque part, Rec 2 fait évoluer le médium à sa façon, en illustrant plus ou moins malgré lui les limites de son concept. Entre caméra qui tombe, cadrages brinquebalants, filmage de pieds et coupes frustrantes,  Jaume Balaguero et Paco Plaza adaptent la forme au cameraman, qui, de fait, devient approximative dès lors que la panique s'installe ou que l'on suit, tout simplement, le point de vue retransmis par le petit caméscope des enfants. Un cran a donc été monté dans l'histoire du cinéma post-Blair Witch, donnant à Rec 2 le curieux statut de série B expérimentale, aussi fascinante dans son audace qu'ennuyeuse à regarder.

Rec 2 est objectivement un film médiocre, ni effrayant ni drôle malgré quelques exorcismes croquignolets. Il y a pourtant fort à parier qu'il y aura un avant et un après Rec 2 (à commencer par un Rec 3 ?). Des évolutions qui, dans la course à l'image la plus "brute", tendront peut-être de plus en plus vers la mise en scène d'un  "non-cinéma". Etrange paradoxe.