7/10[°Rec]

/ Critique - écrit par Lestat, le 27/04/2008
Notre verdict : 7/10 - Une caméra en enfer (Fiche technique)

Une journaliste et son cameraman suivent une équipe de pompiers dans un immeuble où l'horreur se déchaîne.

Concept qui poussa le cinéma d'horreur dans ses derniers retranchements, la supercherie du vrai-faux film amateur, où les protagonistes apportent directement leur point de vue au spectateur via la caméra qu'ils portent, a ceci d'amusante que, de Cannibal Holocaust à [REC] en passant par Blair Witch, elle n'est pas crédible pour un sou. Appelons ça de la lâcheté, de la logique ou de l'instinct de survie, face à l'innommable rugissant, quiconque de saint d'esprit songerait davantage à lâcher sa caméra et sauver ses fesses que de filmer la menace sous tous les angles, fussent-ils tremblotants. Disserter ici de la justesse de tel comportement ou du réalisme de telle situation n'a donc aucun intérêt, puisque si [REC] avait été réaliste, le cameraman se serait caché dans un placard avec sa mignonne collègue et le film... n'existerait pas. En cela, [REC] est avant tout un exercice de style plutôt bien ficelé, dont les passages tentants de justifier sa forme laissent avant tout planer la délicieuse sensation de se faire berner.

Sensation du dernier festival de Gérardmer, succès critique et public, avec à sa tête deux réalisateurs doués, [REC] ne révolutionne pourtant pas grand chose dans le fond. Malgré un dernier acte foutrement glauque (évoquant malgré tout le travail de Chris Cunningham) et pour le coup vraiment bien pensé, le déroulement du film se montre assez balisé, évoquant notamment, sans spoiler, le cinéma de Romero -il y a du The Crazies, dans [REC]-. Un aspect prévisible qui désamorce le côté frousse, mais apporte finalement au film une certaine humilité. Et si le trouillomètre est en berne, l'efficacité est bien là. Passée une exposition un peu laborieuse, le film, avantagé par sa courte durée, se montre nerveux et enragé, nous faisant plonger la tête la première dans une sorte d'apocalypse à huis clos à l'hystérie jouissive. Sombre, sanglant, sans concessions, [REC] gagne tous ses galons sur le terrain du divertissement. Au final, mieux vaut retenir et apprécier [REC] pour cet aspect. Car au chapitre de l'intellectualisation, le film se perd un peu. Glaçant lorsqu'il met en lumière certains comportements humains, [REC] atterre lorsqu'il ressort le message-tarte à la crème sur le voyeurisme, toujours le même lorsqu'il est question de médias et de journalistes aux dents longues...

Jaume Balaguero ayant déjà fait mieux dans sa sympathique carrière, [REC] devrait surtout servir de tremplin au prometteur Paco Plaza, à la filmographie plus obscure. [REC] gagnera sans aucun doute à être revu loin de son sillage, loin de toute couverture médiatique et une fois n'est pas coutume, dans des conditions que ne permettent pas (plus ?) les salles de cinéma. En solitaire, devant une télévision qui donnera tout son sens à son parti pris et dans le noir complet. Là, peut être que [REC] se dévoilera comme ce qu'il est : un petit film sincère et correctement fait, qui apportera son lot de sursauts à des samedis soirs sans fêtes. Quoiqu'il advienne du futur, [REC] pourra donc toujours compter sur son capital de sympathie...


PS : à noter que [REC] aura "l'honneur" d'un remake américain intitulé Quarantine. Voila voila...