Prisonniers du temps
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 22/04/2004 (Tags : temps livres film prisonniers age crichton livre
Nom : Michael Crichton. Nationalité : Américaine. Activité : pondre des best-sellers qui feront inévitablement l'objet d'une adaptation cinématographique. Jurassic Park, Sphère, Le Treizième Guerrier, Soleil Levant, Harcèlement, Le Monde Perdu, ne sont que quelques exemples parmi la tripotée de ses bouquins portés sur grand écran. Son domaine de prédilection : le thriller scientifique, où comment marier les plus poussées des théories modernes avec les schémas récurrents des histoires à suspense, en n'oubliant pas l'inévitable petite réflexion sur le monde contemporain et ses idées préconçues. Sa dernière parution (en France) : Prisonniers du Temps, ou Timeline, le voyage dans le temps revu et corrigé par le maître du box-office rayon romans. Et, si vous avez bien suivi, sujet du dernier film de Richard Donner (L'Arme Fatale 1, 2, 3, 4).
Le professeur Johnston dirige une petite équipe de fouilles sur le site de Castelgard, dans la vallée de la Dordogne, pour le compte de la société d'ITC. Intrigué par le flot d'informations historiques que lui fournit la firme, Johnston retourne aux Etats-Unis pour s'entretenir avec Robert Doninger, le grand patron, et espérer tirer les choses au clair. André Marek, son assistant, prend la suite des opérations sur le site et met à jour par accident une nouvelle galerie. Les découvertes qu'ils y font ont de quoi les inquiéter : un verre de lunettes double-foyer de conception moderne, mais vieux de plus de 600 ans, et d'anciens parchemins griffonnés de quelques mots : « Aidez-moi ». L'écriture du professeur Johnston. Ne parvenant pas à le joindre à ITC, son fils Chris et Marek, accompagné de trois autres étudiants, s'envolent pour le siège de la société afin d'obtenir des réponses. Ce que Doninger leur apprend bouleverse tout ce qu'ils ont cru savoir auparavant : ITC est parvenu à construire une machine à voyager dans le temps, le professeur est coincé à Castelgard en 1357, et il va falloir le ramener...
Je peux comprendre que l'on simplifie l'histoire afin de la rendre plus accessible à la majorité et pouvoir la faire tenir dans une durée respectable. Mais il y a des limites, surtout si, à la base, le livre originel ne présente rien de véritablement passionnant. Le personnage de Chris, par exemple, passe de l'étudiant un peu looser spécialiste des moulins à eaux du Moyen-Âge, au statut de fils à papa sans aucun talent, rôle sur mesure pour la petite bouille de Paul Walker. André Marek, pour ma part véritable héros du film, perd un peu de la folie de son personnage (il s'entraînait à la joute, au maniement de l'épée, à l'arc) et se réduit à la figure du brave type romantique classique. A part cela, les grands évènements restent à peu près respectés, si ce n'est que les temps forts du livre sont amoindris (et cela est parfois bienheureux, Timeline étant à la base une grosse succession de courses-poursuites et de cache-cache), que la théorie sur le voyage dans le temps se simplifie à l'extrême (Chrichton parvenait à expliquer que le temps n'existait pas, et qu'il s'agissait donc de réalités parallèles décalées) et que la population féminine se retrouve en voie de disparition (Kramer et Gomez deviennent des hommes). Mais le film en soi, que vaut-il ? L'intrigue tourne autour de la bataille de Castelgard, opposant l'anglais Oliver au français Arnaut, au terme de laquelle le français triomphera. Mais pour cela, l'histoire implique l'utilisation d'un tunnel secret menant tout droit au repaire de Oliver, et qui deviendra vite la principale préoccupation du groupe ; tout du moins, si on occulte les nombreuses poursuites qu'ils devront subir tout au long de leur périple. Et oui, Timeline ne va pas vraiment plus loin que la succession de paradoxes spatio-temporels où l'étudiant se découvre partie active de l'histoire médiévale, pour son plus grand bonheur. Ceux qui espèrent un peu d'anachronisme seront toutefois immanquablement déçus, les personnages restant pieusement attachés au contexte au point de presque pouvoir oublier l'époque d'origine. Donner rajoute une couche à ce tableau peu élogieux, fadement inspiré dans sa réalisation, meurtri par un Paul Walker assez peu inspiré (et plutôt mal servi, le background psychologique des personnages flirtant parfois avec le zéro absolu), et peu soutenu par la crédibilité des décors/costumes qui me semblent bien propres pour une telle époque (mais ceci n'est que spéculations).
Un presque-nanar scientifique, pourtant basé sur un des nombreux best-sellers de Michael Crichton, cumulant nombre et nombre de défauts malgré son intéressant background de départ. L'intrigue demeure basique, les personnages perdent de leur profondeur, la crédibilité de l'histoire est amaigrie, et le rythme se voit empalé par la réalisation plutôt flemmarde.Un conseil, le film alternant parfois le français et l'anglais, ceux qui ne veulent pas se retrouver avec des sous-titres américains lors des tirades de Lambert Wilson feraient mieux de préférer la VO.