9/10Printemps, été, automne, hiver... et printemps

/ Critique - écrit par nazonfly, le 05/05/2011
Notre verdict : 9/10 - Quatre saisons sans Vivaldi (Fiche technique)

Tags : printemps film kim hiver automne duk moine

Printemps, été, automne, hiver... et printemps est un film magnifique respirant le calme et la beauté tout en maniant des symboles bien obscures pour l'esprit occidental.

Commencer une critique de film n'est pas toujours facile, et l'accroche n'est pas plus évidente à trouver. Parfois il ne reste plus qu'à lancer quelques mots en l'air et à espérer qu'ils retombent en formant un ensemble cohérent. Tentons l'expérience pour l'un des premiers films de Kim Ki-Duk à sortir en salles en France : Printemps, été, automne, hiver... et printemps. Corée du Sud. Un temple. Un lac. Des montagnes. Un maître. Un élève. Un huis-clos à ciel ouvert.

Réalisé par Ki-duk Kim (oui, Kim est bien le nom de famille de ce sémillant
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Coréen), Printemps, été, automne, hiver... et printemps (Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom en version originale) repose sur un principe immuable : le cycle des saisons. Ainsi on passe de la douceur du printemps, à la chaleur de l'été, des ors de l'automne à la neige de l'hiver pour finalement revenir au printemps. Et si on rajoute à ce pitch minimaliste que l'histoire se passe dans un temple en bois, flottant au milieu d'un lac perdu quelque part dans les montagnes coréennes, on voit déjà le déroulement évident du film : on va suivre l'évolution d'un homme au cours de sa vie, les saisons représentant parfaitement les différents âges de l'Homme. Pour être plus exact, le film s'intéresse au destin, non pas d'un seul homme, mais de deux : le maître et l'élève.

Le maître commence tout d'abord par enseigner les principes fondamentaux (du
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bouddhisme ? Difficile de savoir) à son jeune élève. Ce qui donne une des belles scènes du film, quand l'enfant s'amuse avec un poisson, une grenouille puis un serpent. C'est le Printemps. Puis l'enfant est adolescent, et le monde extérieur intervient alors sous la forme d'une jeune fille, venue ici pour soigner son vague à l'âme. Ce monde extérieur va troubler la quiétude qui régnait auparavant dans cet univers clos. Les saisons s'enchaîneront ensuite dans l'ordre naturel, mais je n'en dirais pas plus pour ne pas déflorer le sujet. Tout juste puis-je accepter de dévoiler qu'après le printemps, viennent l'été, puis l'automne et l'hiver. Mais que le printemps revient.

 

De ce film tranquille, méditatif, on peut tirer quelques idées fondamentales : le monde extérieur est fondamentalement mauvais (et accessoirement bruyant)
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tandis que ce refuge bouddhiste n'est que paix et sérénité. La vie est, comme l'indique le titre du film et son retour au printemps final, évidemment cyclique. Après un an, le printemps reprend ses droits et une nouvelle ère, différente mais en même temps similaire, peut démarrer. Mais surtout on retiendra le bien-être que l'on peut ressentir en atteignant l'état de sérénité bouddhique. Car Printemps, été, automne, hiver... et printemps est une parenthèse de beauté, un instant de calme et de plénitude zen dans un monde qui court, qui court, qui court après on ne sait quoi, mais qui court à sa perte. Malheureusement (ou heureusement?), en tant qu'occidental, il y a un ensemble de symboles (le serpent, les portes, l'eau, le Bouddha) que l'on ne peut comprendre sans faire partie intégrante de ce monde, de cette religion, de cette philosophie. On reste ainsi un peu sur notre faim, comme un voyageur qui, s'arrêtant sur le seuil d'une maison fabuleuse, aurait l'impression de toucher du doigt une réalité étrangère merveilleuse et surtout d'une sagesse infinie.

Printemps, été, automne, hiver... et printemps est indéniablement un très bon film, un film à la beauté magnifique. Et, même s'il laisse un sentiment d'incompréhension latent (sans doute dû à la différence culture entre le réalisateur coréen et le pauvre spectateur français), il n'en reste pas moins une ouverture vers une philosophie décidément bien tentante.