Le pont de la rivière Kwaï
Cinéma / Critique - écrit par nazonfly, le 05/09/2008 (Film culte adapté de Pierre Boulle, oscarisé en 1957, Le pont de la rivière Kwaï démontre l'inutilité de la guerre et sa profonde bêtise.
Quel peut bien être le rapport entre la thématique « Films de boule » et « Le pont de la rivière Kwai », vous demandez-vous ? Il me faut me justifier donc. Au départ, quand on nous avait signalé le nom de cette thématique, je me suis frotté les mains. Enfin Krinein allait pouvoir se développer sur les secteurs qui marchent sur Internet, et abandonner ce qui n'intéresse que peu de gens au final. Je voyais déjà des critiques d'Emmanuelle ou des Visiteuses (avec la magnifique composition de Tabatha Cash). Qui sait, peut-être aurais-je ensuite pu interviewer de sculpturales donzelles vêtus de vapeurs de tissus et de souvenirs de vêtements. Las ! Je fus vite remis dans le droit chemin, c'était donc à prendre au second degré. Je cherchais nuit et jour, jour et nuit. Les secondes devenaient des minutes, les minutes des heures, les heures des jours et les jours s'envolaient sans que je ne puisse les rattraper, tandis que mes collègues dévoilaient leur future production. Puis j'eus l'illumination, l'idée ultime, cette torsion de l'esprit qui ferait que personne ne pourrait me piquer ma critique. Isabelle Boulay. Après tout, elle avait fait la bande originale du Jour d'après (superbe film soit dit en passant, que je conseille à tous les fans de Michel Leeb). Mais après quelques recherches, je m'avisais que la chanteuse terminant le film n'était pas la Boulay, mais la Badi. Tristesse dans les chaumières, j'avais rematé Le jour d'après pour rien. C'est au détour d'une conversation avec de grands philosophes français et internationaux que nous en vînmes à parler de lecture et d'adaptations cinématographiques. Et j'appris ainsi de ces bouches décousues de fils d'or que La planète des singes et Le pont de la rivière Kwai avaient été, au départ, des livres écrit par un français, Pierre Boulle. A un L près, j'étais donc bon. Je fus confirmé dans mon choix par le fait que la bande dessinée Boule et Bill était sortie en 1959, soit deux ans après le film de David Lean qui fera ensuite Lawrence d'Arabie (avec Peter O'Boole).
Un sifflement reconnaissable
Le pont de la rivière Kwai, était resté dans mon esprit d'enfant comme un film de guerre, mais surtout comme ce fabuleux air sifflé : « Hello ! Le soleil brille, brille, brille ».
Un pont trop loinC'est donc sur cet air que débarquent les Anglais dans un camp. Vont-ils l'investir ? Pas exactement puisque malgré cet optimisme de façade, ils viennent d'être fait prisonniers et d'être envoyés dans un camp de travail dirigé par le Colonel Saïto. Car c'est au milieu de la jungle birmane qu'est construit, principalement par des prisonniers de guerre, un chemin de fer. Le Colonel Saïto (Sessue Hayakawa) a la charge d'un endroit stratégique : le franchissement de cette fameuse rivière Kwaï pour lequel des dizaines de prisonniers sont déjà morts. Saïto décide donc de contraindre tous les nouveaux arrivants; officies comme troufions, à travailler sur le pont. Mais faire travailler les officiers est contraire à la Convention de Genève, ce que ne peut supporter le Colonel Nicholson (Alec Guinness) à la conscience professionnelle d'une folle rigueur. Le troisième personnage principal de cet original film de guerre est le Commandant Shears (William Holden) qui est l'antithèse des autres : vraisemblablement peu embarrassé d'un code d'honneur, il est l'âme du film et met en lumière l'inutilité et la bêtise de ces codes.
Folie, folie, folie
Où ai-je mis ma casquette ?Car c'est là le thème principal du film. Quel est l'intérêt de l'honneur et de la fierté, surtout quand ils sont dictés par un état major ? Quel est pour aller plus loin l'intérêt même de la guerre ? L'honneur va en effet mener Saïto et Nicholson tout d'abord dans une affrontement stérile, chacun campant sur ses positions sans vouloir céder un pouce. Plus tard, Nicholson va réaliser l'impensable toujours pour une question d'honneur et de fierté.
Le pont de la rivière Kwaï est assurément un grand film de guerre, ne tombant pas dans le piège de la critique d'un camp ou d'un autre, mis à part peut-être le "héros" forcément campé par un Américain. Les Japonais ne sont pas visés par le film, pas plus que les Britanniques. La seule cible reste la guerre. Et le film se termine, d'ailleurs, sur ces trois mots : folie, folie, folie.
Un peu d'histoire
Le véritable pontPour la petite histoire, on retiendra que cette ligne de train a réellement existé, reliant Singapour au Siam. Pour la "Voie de la mort", comme elle fut surnommée, plusieurs milliers de britanniques prisonniers sont morts. En ce qui concerne ce fameux pont, il a existé de deux façons différentes. Il y a eu, d'une part, un pont sur la rivière Kwaï, plusieurs fois bombardés, il a été reconstruit après la guerre. D'autre part, l'équipe du film a construit le pont grandeur nature, à Ceylan par contre, et a poussé le réalisme à son paroxysme dans la scène finale.